Une rencontre fortuite dimanche à Alger avec l'écrivain Abderrahmane Lounès, puis une (brève) discussion avec lui qui a viré, imperceptiblement, vers la comparaison entre la presse et le journalisme d'hier et d'aujourd'hui. Avant, il y avait «le plaisir de lire» certaines belles plumes, fait remarquer l'auteur de Matoub Lounès, le barde flingué, tout en citant quelques belles plumes quotidiennes ou hebdomadaires qui noircissent encore les colonnes des journaux algériens. La presse d'antan, c'est un monde à part. Un jour, on avait demandé à un journaliste sportif d'écrire un article «élogieux» sur le footballeur algérien Mohamed Kaci-Saïd, après sa remarquable prestation au Mondial du Mexique en 1986. Les coiffeurs d'Alger, avait écrit ce journaliste, avaient une astuce quand ils avaient affaire à quelqu'un dont la chevelure, trop touffue, était rebelle aux ciseaux. Ils leur disaient que Kaci-Saïd est convoqué en équipe nationale et le tour est joué. En effet, faire dresser les cheveux sur la tête des gens les rendait faciles à couper. Qui aurait aujourd'hui l'audace et l'imagination de commencer ainsi son article sur une personnalité ? Quelques années plus tard et dans le cadre de son travail, une journaliste est allé rencontrer le leader d'un parti politique aujourd'hui disparus lui et son parti. «Il parle tellement lentement que le temps qu'il termine sa phrase, les Japonais ont déjà fait plusieurs découvertes et réalisations», a-t-elle écrit, en résumé. Cette petite phrase avait fait grand bruit à l'époque. On dit que les réseaux sociaux sont une concurrence (déloyale) pour la presse professionnelle classique. Pas si la presse classique fait toujours preuve de professionnalisme, de crédibilité et qu'elle réhabilite les belles plumes ! K. B. [email protected]