Une jeune journaliste, qui faisait ses débuts dans la rubrique culturelle d'un quotidien, voulait, d'emblée, créer l'événement. Elle en parle à un journaliste expérimenté. «Tu connais Amar Ezzahi ? Ça fait très longtemps qu'il n'a pas donné de concerts, ni d'entretiens aux médias. Si tu réussis à avoir un entretien avec lui, tu auras le plus grand scoop de ces dernières années», lui dit-il. La jeune journaliste va à Bab-El-Oued, jusqu'à la rue où habite Amar Ezzahi. Les jeunes du quartier lui montrent la maison du chanteur chaâbi avec un conseil : ne pas lui parler de l'objet de sa visite, avant qu'il ne le demande lui-même. La journaliste frappe à la porte qui s'ouvre doucement. «Je peux entrer ?» demande-t-elle à l'artiste qui répond : «T'fadhli ya benti !» (je vous en prie, ma fille). Amar Ezzahi montre une chaise à la journaliste. Lui-même s'assoit sur une chaise, très loin, au fond de la pièce. Il semble méditer comme s'il était seul. La journaliste se rappelle le conseil des jeunes du quartier. Intimidée aussi par la personnalité du Maître, elle n'ose pas parler. L'attente dure une quinzaine de minutes. A la fin, elle se rend compte elle-même qu'il faut respecter l'Homme. Elle se rend compte aussi de l'inutilité de lui demander un entretien pour un journal. Elle se lève. «Je pars cheikh, merci pour votre accueil !» Amar Ezzahi lui ouvre la porte. Ils se disent «au revoir» (en arabe), un au revoir que la jeune journaliste savait qu'il voulait dire «adieu !», en réalité. K. B. [email protected]