La canicule enregistrée ces derniers jours sur le littoral du pays n'a pas été facile à gérer. Combinée aux nombreux feux de forêt déclenchés à travers plusieurs wilayas, la grande chaleur a poussé les Algériens vers les plages. Même les plus assidus d'entre eux ont violé le confinement, et ont, à leur tour, piqué une tête dans l'eau en quête de rafraîchissement. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - De très fortes températures sévissent depuis quelque temps dans plusieurs wilayas côtières. Le vendredi et samedi derniers, six d'entre elles ont été placées en vigilance «orange canicule». Le mercure a affiché 40° C dans les wilayas de Skikda, Annaba et El-Tarf, et atteint les 44° C dans celles de Relizane, Chlef et Aïn-Defla. À cette canicule, sont venus se greffer de nombreux feux de forêt, accentuant ainsi la sensation d'étouffement. Selon la Direction générale des forêts, 134 foyers d'incendies ont été enregistrés à travers le territoire national, pendant les deux jours de l'Aïd el-Adha qui ont coïncidé avec le week-end (vendredi et samedi). À lui seul, le premier jour de cette fête religieuse a connu 59 incendies. Les chiffres provisoires évaluent ainsi les superficies ravagées par les flammes durant ces deux jours à 613 hectares dont 155 ha de forêts, 194 maquis et 264 ha de broussailles. La série noire continue depuis maintenant plus de deux mois. Quotidiennement, près 20 départs de feu sont enregistrés. La Direction générale des forêts fait état de 1 216 foyers d'incendies recensés entre le 1er juin et le 1er août derniers, ayant parcouru une superficie globale de plus de 8 778 ha. Les températures caniculaires combinées à ces incendies ont fini par avoir raison du confinement de nombre d'Algériens. Les habitants des régions côtières suffoquaient et ne pouvaient plus rester chez eux. Pour se rafraîchir, la plage est leur seule solution. À Alger, ils sont nombreux à avoir opté pour cette alternative. Dès le matin, les plages, à l'abri des regards, sont prises d'assaut. L'accès aux autres plages plus grandes et moins rocheuses est strictement interdit en raison de la pandémie de Covid-19. Même la fête de l'Aïd el-Adha, traditionnellement réservée aux visites familiales, n'a pas empêché les «confinés» à envahir ces plages. A peine le rite du sacrifice du mouton terminé, que celles-ci ont enregistré une grande affluence. Les enfants et les adolescents ont abandonné leurs habits neufs de l'Aïd pour enfiler leurs maillots de bain. Pour eux, le choix a été facile. Faire trempette dans l'eau est plus intéressant que de «paraître» avec leurs belles tenues, cloîtrés à la maison en cette fête religieuse inédite où les visites familiales ont été fortement déconseillées. Les plages de proximité à la rescousse D'habitude fréquentées exclusivement par les habitants du quartier, les plages recluses sont désormais l'ultime point de chute pour un salvateur rafraîchissement pour tous les transgresseurs du confinement et autres interdictions liées à la crise sanitaire. Ici, les estivants sont à l'abri des patrouilles de contrôle et peuvent passer de longues heures de baignade et de bronzette sans qu'ils soient dérangés. «Au départ, seuls les gens du quartier se baignaient ici, mais depuis que l'accès à la plage de La Madrague est surveillé et interdit par la police, tout le monde vient à la plage de l'Ilot», explique Amine, un jeune de ce quartier de Aïn Bénian. Sur la plage où le sable et les rochers s'alternent, les lieux sont noirs de monde. Les parasols sont implantés, les chaises de plage disposées, et des balades en barque et en pédalo sont proposées. Sous l'œil vigilant de leurs parents, les enfants barbotent dans l'eau ou jouent avec le peu de sable disponible. Les jeunes, eux, préfèrent prendre le large. Les plus courageux s'aventurent un peu plus loin pour atteindre l'îlot, le grand rocher qui émerge de l'eau à une centaine de mètres de la plage. Certains estivants n'ont pas hésité à sortir leurs kayaks et planches à voile pour sillonner la mer à longueur de journée. Même scénario dans les petites plages de proximité dans les communes de Hammamet, Raïs-Hamidou et Bologhine, à l'ouest d'Alger. Pour la plupart rocheuses, ces plages attirent autant de monde qu'en temps «normal». Ceux qui font fi des mesures de confinement sont de plus en plus nombreux face au laxisme des autorités publiques. En ces temps caniculaires, les plus assidus au confinement ont fini par céder à la tentation de piquer une tête dans la grande bleue. Après toute une journée passée au bord de la mer, les estivants du temps de la pandémie plient leurs bagages pour rentrer chez eux. Couvre-feu oblige, ils doivent être à la maison avant 20h. Ils espèrent tout de même que ces plages seront le lendemain toujours accessibles en l'absence des services de sécurité. Ry. N.