Quinze minutes apr�s l�appel d�El-Adhan, on continue toujours � servir les retardataires. Le resto ne peut contenir que trois cents personnes, mais dimanche dernier, premier jour de semaine, ils �taient pr�s de quatre cents. Le restaurant des Cheminots, sis � la rue Hassiba-Ben Bouali, � quelques encablures de la gare Agha, g�r� par l�UGTA � l�occasion du mois de Ramadan, grouille de monde. Abder Bettache - Alger (Le Soir) -Chaque jour, l��quipe du restaurant pr�pare un repas diff�rent de celui de la veille. Avec huit employ�s permanents et cinq autres embauch�s durant ce mois sacr�, le restaurant des Cheminots permet, chaque jour, � plus de 300 �mes de rompre le je�ne. �Situ� sur une grande art�re, le Foyer des Cheminots re�oit le plus grand nombre de personnes dans tout Alger�, explique Hocine Lezame, l��conome de la structure. Ce dernier, de par son exp�rience, veille au grain, en notant que cette ann�e, il est particuli�rement �tonn� de constater l�augmentation du nombre de femmes. Les gens de passage sont d�origines sociales diff�rentes. �Ils sont de toutes les couches sociales. Il y a m�me des cadres d�entreprise, comme on trouve des d�munis, des sans domicile fixe (SDF), des retrait�s et des personnes qui viennent de l�int�rieur du pays ou de passage � Alger�, t�moigne-t-on. Pour la circonstance, trois salles sont am�nag�es. La premi�re, spacieuse est r�serv�e aux hommes. Equip�e d�un t�l�viseur, elle permet aux je�neurs de manger tout en suivant le programme de l�ENTV. La seconde, plus petite, est affect�e aux femmes. Certaines, accompagn�es de leurs enfants, font tout pour �viter les regards �curieux�. Sa�d Barkat, l�invit� surprise Enfin, la troisi�me, une terrasse qui donne sur la gare ferroviaire et la mer, est laiss�e pour les familles. La cuisine, quant � elle, se trouve au soussol. Dans la journ�e, elle est occup�e par pas moins de quatre personnes, dont le cuisinier. Dimanche dernier, c�est le ministre de la Solidarit� accompagn� du secr�taire g�n�ral de l�UGTA qui a d�cid� de partager le repas avec les d�munis. Un rituel que Sidi-Sa�d assure une fois � deux fois durant le mois de Ramadan. �C�est convivial et c�est important de partager le v�cu des simples citoyens, des d�munis de notre soci�t�, d�clare Sidi-Sa�d. A moins d�une heure de la rupture du je�ne, ils �taient plus d�une centaine � faire la queue � l�entr�e du resto. Dans quinze minutes, les portes seront ouvertes et les places prises. Surpris par cette visite �inopin�e�, les responsables du resto n�ont pas eu le temps de �chambouler � le menu. Ce dernier se composait d�une chorba frik, d�une dolma, de dattes, d�une salade et deux vari�t�s de desserts : pomme et pot de yaourt. La surprise du jour : c�est lorsque le ministre de la Solidarit� rejoint le groupe de personnes ayant entam� la pri�re du maghreb. Les pr�sents �taient surpris de voir le ministre de la Solidarit� faire sa pri�re avec le groupe. �Devant Dieu, il n� y a point de diff�rence�, commente un sexag�naire. T�moignages pesants Durant ce mois de Ramadan, l�UGTA a d�cid� d�ouvrir et de financer quarante- huit restos de la Rahma � l��chelle nationale. �Nous recevons des subventions de partout. C�est devenu une habitude pour nos sponsors. A la veille de chaque mois de Ramadan, nous recevons des dons multiples. Des industriels, des op�rateurs et des hommes d�affaires, dont un grand nombre pr�f�rent garder l�anonymat. La solidarit� n�a pas de fronti�res�, commente un cadre syndical. En effet, de plus en plus de cat�gories sociales diff�rentes n�arrivent pas � subvenir � leurs besoins. Au niveau du foyer de la SNTF, on trouve des retrait�s, des ch�meurs, des travailleurs venus de l�int�rieur du pays ou de simples citoyens d�munis. �Je ne souhaite � personne de se retrouver dans cette situation. C�est difficile de ne pas manger avec ses proches durant ce mois de Ramadan�, confie un jeune originaire d�El-Milia. �Je ne peux pas faire autrement que de me rendre ici pour la rupture du je�ne�, ajoute un autre jeune ch�meur. Deux autres ch�meurs nous racontent qu�ils n�ont pas �le choix non plus� et que s�ils trouvent un moyen de partir en harraga, ils n�h�siteront pas un instant. �Nous en avons marre de vivre des probl�mes au quotidien�. �Dieu merci, je travaille mais je viens fr�quemment dans ces restaurants en p�riode de je�ne. La vie est de plus en difficile. Croyez-moi, ce n�est pas facile de venir et de se retrouver ici parmi tout ce monde. Mais Allah ghallab, ce sont des choses de la vie, on n�a pas le choix�, explique une autre personne, qui fait tout pour �viter le regard des autres.