Brahim Béjaoui demeure l'un des meilleurs entraîneurs algériens au niveau mondial. Il faut dire que pendant les 18 ans (de 1981 à 1998) qu'il a passés en tant que coach national, il a réussi à mener des pugilistes au plus haut niveau comme en témoignent les médailles olympiques remportées par ces grands de la boxe, tels que Zaoui, Moussa, Bahari, le regretté Soltani, ainsi que Allalou. Il ira ensuite en Arabie Saoudite où il contribuera à monter une équipe nationale compétitive avant de revenir au pays pour occuper le poste de DTN où il a été récemment installé. Le Soir d'Algérie : Vous êtes le seul coach national à avoir remporté des médailles olympiques, notamment l'or avec Hocine Soltani, en 1996, aux JO d'Atlanta et le bronze avec Mohamed Allalou, en 2000 à Sydney ... Brahim Béjaoui : J'étais également l'entraîneur de Zaoui et Moussa en 1984 quand ils furent médaillés aux JO de Los Angeles et je vous précise qu'en 1996, Soltani «Allah Yerahmou» avait remporté l'or, mais il y avait aussi Bahari qui avait réussi à glaner une médaille de bronze. Cela devait être une grande satisfaction pour vous ? Bien sûr, une grande satisfaction mais aussi une fierté d'avoir mené des boxeurs à un si haut niveau et honoré le pays. Depuis 2000, la boxe algérienne n'a pas remporté de médailles. Comment expliquez-vous ces 20 ans de disette ? Moi, j'ai eu la chance de former des boxeurs talentueux dans un environnement stable. Je pense qu'après mon départ, il n'y a pas eu une continuité dans le travail. L'encadrement a changé avec de nouveaux entraîneurs diplômés et certainement compétents mais qui manquaient d'expérience au niveau international et depuis 2000,à chaque olympiade, l'Algérie n'a récolté aucune médaille en boxe. Peut-être en 2021 ? Peut-être, l'avenir nous le dira. Que faut-il pour gagner des médailles aux JO ? Il faut un encadrement stable et très compétent avec des entraîneurs très expérimentés. Lors des dernières olympiades, les pugilistes algériens étaient dirigés par des entraîneurs qui participaient pour la première fois de leur vie à une compétition olympique. Ils n'avaient donc aucune expérience du haut niveau. Ajoutez à cela l'instabilité avec des changements fréquents d'entraîneurs nationaux, et cela explique cette absence de médailles. Les JO se préparent 88 ans avant. J'exagère, mais tout cela pour vous expliquer que les Jeux se préparent longtemps à l'avance. Avec la pandémie, ce n'est pas facile ? Oui, il y eu un arrêt de six mois et le problème, c'est qu'il y a eu cette instabilité à la tête de la fédération. En un an, on a changé trois fois de président. Pour la préparation des JO, il faut avoir des boxeurs qui s'entraînent depuis trois ou quatre ans. Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Aux JO, vous êtes confrontés à des pugilistes qui ont au moins 100 combats, alors que les nôtres ont à peine une dizaine. Alors aux prochains JO, il ne faut pas se faire trop d'illusions ? Oui, tout à fait. Nos boxeurs se sont qualifiés aux prochains JO grâce à des victoires au niveau africain, mais on est loin du niveau mondial. Cela va être très difficile d'obtenir une médaille. Vous totalisez 40 ans d'expérience dans la boxe. Quel est pour vous le meilleur boxeur de tous les temps ? Je dirais Mohamed Ali qui était mon idole, ainsi que Carlos Monzon, l'Argentin qui a été champion du monde sans connaître la moindre défaite et que j'admirais également. Et au niveau national, quels sont les pugilistes que vous avez entraînés et qui vous ont épaté ? Il y a bien sûr le regretté Soltani car il a obtenu des résultats que personne n'a égalé à ce jour et notamment une médaille d'or olympique, sans compter ses titres aux niveaux africain et mondial. Il y a également Bahari Mohamed qui a été champion du monde et médaillé olympique. Propos recueillis par Hassan Boukacem