Sommé de trouver des solutions définitives aux perturbations et suspensions de l'alimentation en eau potable, le ministre des Ressources en eau a réagi en limogeant le directeur général de la Société des eaux et de l'assainissement (Seaal), plusieurs cadres de la même entreprise ainsi que des directeurs d'agences. Des décisions prises alors sur fond d'une pression exercée sur le ministre des Ressources en eau à qui le président de la République a donné un délai d'une semaine pour régler les nombreuses défaillances enregistrées dans la gestion de l'eau. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Avant même l'expiration de l'ultimatum lancé par le chef de l'Etat au ministre des Ressources en eau, ce dernier réagit avec les réflexes habituels lorsqu'il s'agit de désigner un responsable : faire sauter des fusibles. Et le choix s'est porté sur le directeur général de la Société des eaux et de l'assainissement (Seaal). Brice Cabibel, installé à la tête de l'entreprise en 2017, a été limogé. Dans le même sillage, le directeur de l'exploitation, celui de la communication, de la production, et de la distribution ont connu le même sort. Les directeurs des agences de Aïn Benian, Zeralda, Chéraga, Ouled Fayet, Draria et Bordj-el-Bahri ont, eux aussi, été remerciés. Des décisions prises au moment où la gestion et la distribution de l'eau potable focalisent l'attention, nécessitant d'être débattues en Conseil des ministres et faisant l'objet de plusieurs interventions de la part du président de la République. Tebboune en avait déjà parlé en accordant un entretien à des représentants de la presse, évoquant un « complot » et des « tentatives de déstabilisation » à l'origine de fortes perturbations enregistrées pendant les deux jours de l'Aïd. Dans plusieurs quartiers de la capitale, mais également dans d'autres wilayas, l'eau a été tout simplement coupée au moment où les familles procédant au sacrifice du mouton en avaient le plus besoin. Dans certains quartiers, la coupure a poussé les citoyens à protester dans la rue. La station de Fouka, affirmait Tebboune, avait fait l'objet de sabotage. Quelques jours plus tard, les responsables de la Seaal organisaient une conférence de presse dans laquelle son premier responsable a tenté d'expliquer les raisons des coupures fréquentes. Société publique par actions, détenue à 70% par l'Algérienne des eaux (ADE) et à 30% par l'Office national de l'assainissement (ONA), la Seaal est responsable de la gestion de l'eau à Alger et à Tipaza. Elle dessert ainsi 3.8 millions d'habitants, avec 761 824 clients entre ménages, administrations, commerces, industriels et sites touristiques. Créée en 2006, l'entreprise a profité de l'expérience du français Suez en matière de gestion et de management. En 2018, l'ADE et l'ONA renouvelaient leur confiance à Suez pour le management de la Seaal pour une durée de trois ans. L'objectif initial consistait à offrir aux 3 millions d'Algérois un accès à l'eau potable 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et à améliorer significativement le service d'assainissement de la ville. Si depuis le premier contrat de 2006, beaucoup de choses avaient pu être mises en place, de nombreux dysfonctionnements ont subsisté. Les derniers ont emporté dans leur sillage tout le staff de l'entreprise. N. I.