La lutte contre le laisser-aller, la violence et la criminalité est une entreprise de salubrité publique. À l'ombre du Covid-19 qui aura accaparé toute l'attention des pouvoirs publics particulièrement depuis sa brusque apparition, ce mois d'août n'est pas de tout repos pour ceux des commis de l'Etat que rien ne vient déranger dans leur quiétude. À tel point que le laxisme et le « j'm'en-foutisme » étaient devenus une seconde nature. Dans les structures d'intérêt public et donc sensibles, cela ne semble plus relever d'anomalie à corriger au plus vite. Celui qui a le plus à en pâtir de ces situations délétères, c'est le citoyen qui n'a plus comme recours que de crier au scandale. Mais la toute-puissante administration reste sourde aux doléances a minima ! Le summum de l'aberration a été atteint durant la journée très particulière de l'Aïd el-Adha, lorsque de nombreux quartiers de la capitale, notamment, se sont retrouvés sans eau. Mieux, aucun avis de coupure d'eau n'a été émis. Cela aurait pu être noyé dans la banalité des carences répétées si les échos de cette « affaire » n'étaient pas entendus en haut lieu, pour qui la paix sociale est à préserver. L'on ne pouvait passer outre une telle défaillance. Il s'agirait même de « complot » et d'entreprise de « déstabilisation » ! Les sanctions tombent. Les responsables, quel que soit leur niveau, en pâtiront très vite. Un mois après les fêtes de l'Aïd, ils sont limogés. C'est le cas du directeur général de Seaal (Société des eaux et de l'assainissement d'Alger) et les directeurs d'agence, ainsi que des responsables de l'Algérienne des eaux pour « incapacité à résoudre le problème de l'interruption de l'approvisionnement en eau de plusieurs wilayas ». Dans la foulée d'Alger, 14 wilayas sont concernées par ces sanctions prises en haut lieu. À ce problème récurrent de coupure d'eau, vient se greffer un autre qui n'a de cesse d'empoisonner le quotidien de millions d'utilisateurs d'internet. Connexion très lente, des sites internet fortement perturbés, l'accès aux réseaux sociaux sérieusement impacté, les entreprise, etc. Les explications lénifiantes d'Algérie Télécom ne passent pas, qu'il s'agisse d'un hypothétique câble sous-marin « mangé par les requins », ou des perturbations du réseau international dont dépend l'Algérie. Les responsables de l'opérateur public en auront pour leurs frais, cette fois-ci. La main lourde du pouvoir s'abat sur eux. Algérie Télécom, Algérie Poste et Mobilis doivent faire place nette aux nouveaux locataires qui sont chargés de mettre en place les solutions. C'est le ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique qui annoncera la « libération d'un spectre de fréquence », ce qui signifie une plus grande fluidité dans le flux internet pour les utilisateurs de Mobilis, Djezzy et Ooredoo. À ce propos, une rencontre a eu lieu avec les trois opérateurs de téléphonie mobile. Derrière le rideau, il y a Abdelmadjid Tebboune pour qui les préoccupations de base du citoyen doivent être impérativement prises en charge, parce que telle est la mission de l'administration et des responsables de sa gestion. Il le rappellera lors de la Conférence nationale pour la relance économique et sociale tenue le 8 août. Gouvernement, walis, opérateurs économiques publics et privés (7 organisations patronales), des syndicats ainsi que des experts étaient réunis pour réfléchir sur un modèle basé sur la diversification et le développement durable. Ce conclave ne pouvait passer inaperçu, et le Président Abdelmadjid Tebboune n'a pas raté l'occasion de tancer les hauts cadres de l'Etat, leur reprochant de ne pas dire la vérité à leurs administrés qui ne sont pas dupes, et de ne pas être tout simplement à la hauteur de leurs missions diverses. Un avant-goût des mesures qui seront prises est donné par le limogeage de chefs de daïra et de présidents d'APC au motif « d'abus de confiance » et de « malversations » dans la réalisation de projets d'utilité publique. Est-ce là le vent du renouveau ? Ces mesures seront suivies d'autres à travers deux mouvements dans le corps des walis, le dernier étant intervenu ce 31 août. Il ne faut pas oublier qu'en outre, il se profile à l'horizon proche le référendum populaire sur le projet de Constitution le 1er novembre prochain. Abdelmadjid Tebboune n'a pas hésité à hausser le ton quant au retard accumulé à l'approche de ce rendez-vous qui lui tient particulièrement à cœur. Pour lui, les embûches susceptibles de miner le terrain pour un bon déroulement de la consultation électorale doivent être levées. Les préoccupations quant au cadre de vie social n'a pas manqué de faire l'objet d'un examen attentif au niveau du Conseil des ministres. Si pour certains, le gouvernement se fourvoie dans des questions futiles, il n'en demeure pas moins que ceux qui nous gouvernent ont la responsabilité de veiller à la sécurité des citoyens. L'atmosphère est devenue irrespirable, invivable avec la multiplication des gangs et autres bandes de jeunes rivales. Nous assistons à de véritables batailles rangées avec couteaux, épées, barres de fer et divers objets contondants. Malheur à celui ou ceux qui tenteront de s'y interposer, même dans une rixe banale car il risque d'y laisser sa vie. C'est déjà arrivé ! Que de familles endeuillées ! Mieux vaut tard que jamais, une loi est en cours d'élaboration dans le but de prévenir et d'enrayer ce fléau dévastateur. Le « toilettage » entrepris au sein des structures de l'Etat est en soi une opération de salubrité publique, dont le récipiendaire est le citoyen. La lutte contre la violence et la criminalité est une entreprise de salubrité publique dont la responsabilité revient à l'Etat. Pour le reste, il faut espérer qu'un profond travail civique, à travers des mécanismes et des mesures appropriés, pourra être orienté vers les tares et fléaux sociaux, pour le bien-être, un droit de tout un chacun. Brahim Taouchichet