Une jeune fille de 19 ans a été kidnappée, violée, tuée puis brûlée par un homme dont on dit qu'il est un « repris de justice ». On a aussi appris que le présumé assassin serait un prétendant repoussé. Mais dans ce genre de situations, les faits deviennent rapidement accessoires pour l'opinion ordinaire. De toute façon, il y a toujours autant de versions que de personnes qui en parlent. Le factuel n'intéresse donc plus grand monde en dehors de la police et de la justice. Une jeune fille à l'orée de ses 20 ans a perdu la vie après avoir subi d'atroces supplices. Même après sa mort, son corps a été brûlé par l'assassin, vraisemblablement pour qu'il ne reste aucune trace du crime. Bien évidemment, ce drame a eu un large écho dans la société. Depuis l'avènement d'internet et des réseaux sociaux, tout le monde peut s'exprimer sur tout et c'est tant mieux, quoi qu'on dise. Et les faits de société du genre, surtout quand ils sont aussi dramatiques, ont plutôt « la «cote» au sein de la communauté virtuelle, souvent prolongement naturel de la vraie vie. De ce crime abominable, on retiendra trois types de réactions. Il y a d'abord ceux qui vous donnent l'impression d'être toujours aux aguets, prêts à surgir de derrière un buisson. Ils ne se posent plus de questions, ils sont même de bonne foi, souvent. Il faut appliquer la peine de mort ! Pourtant, si cette sanction était la panacée, si elle était l'arme infaillible pour la dissuasion, on l'aurait su depuis longtemps. Or, les pays qui l'ont abolie depuis des lustres ne caracolent pas en tête des Etats où prospère le crime abject. Ils sont plutôt cités comme des pans du ciel où l'Humanité a fait du chemin. Il n'y a pas grand monde aujourd'hui pour traîner dans la boue le Français Robert Badinter et Dieu sait que ses compatriotes ne se bousculaient pas à son soutien quand il avait entrepris le combat de l'abolition. Il y a aussi les «explicateurs» de tout, c'est-à-dire de rien et... plus grave. Comme M. Khiati, professeur de pédiatrie, chercheur, président de la « Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche », auteur de dizaines de publications dans différents domaines et on en oublie certainement. Lui, il fait dans le 2 en 1. Il s'est d'abord dit pour la peine de mort pour « certains crimes comme le viol ». Ensuite, il est venu nous « informer » que la jeune fille qui vient d'être kidnappée-violée-tuée-brûlée avait des... relations libres avec d'autres. Un peu beaucoup comme ceux qui ont dit qu'elle sortait trop librement, qu'elle s'habillait trop légèrement, que son éducation n'était pas un modèle... Bref, elle a eu ce qu'elle mérite, quoi ! Il y a enfin les Algériens... normaux, ceux qui ont exprimé leur émotion, leur indignation et leur colère après ce crime abominable et ce qu'il a charrié comme... abominations. Pour le reste, on commence à s'habituer : un malheur n'arrive jamais seul. Dans tous les sens de la formule. S. L.