On vous l'avait dit dans ce même espace et plutôt deux fois qu'une : les procès pour corruption ont tous leur part de croustillant. Les Algériens ne vont pas s'en plaindre, pour deux raisons au moins. La première est qu'à la lecture des comptes-rendus des séances de tribunaux, il y a d'abord et surtout de quoi flipper. Les chiffres donnent la syncope, les procédés la nausée et les conséquences le désespoir. Les « perles » arrivent donc comme un instant de répit, quasiment de bonheur, à consommer sans modération. « Après l'apesanteur, voici... l'apaisante heure », dit une formule de gestion des ressources humaines d'une entreprise innovante dont le manager a eu la géniale idée d'offrir tous les jours l'apéro à ses employés. Pendant une demi-heure, son bureau se transforme en open bar, dans une ambiance de détente et de franche rigolade. N'allez surtout pas chercher un quelconque rapport avec notre sujet, il n'y en a pas. Il y a seulement la « pause » et elle a suffi à votre serviteur pour faire un lien... C'est tiré par les cheveux mais ce n'est pas grave. Au dernier procès des bouteflikistes, il y a d'abord cette bizarrerie qui a fait qu'Ahmed Ouyahia répondait aux questions des magistrats qui le jugeaient à Alger à partir de la prison d'Abadla (Bechar). Mais le plus « drôle » est à venir. Comme souvent dans ses péripéties, à chaque fois qu'on pense avoir vécu le plus surprenant, le plus dur ou le plus... hilarant, on découvre dans le suivant qu'on avait tout faux. Comme celle-ci que personne n'attendait : à une question du juge sur les sociétés de ses enfants, l'ancien Premier ministre a répondu que c'étaient des entreprises créées dans le cadre du dispositif... Ansej ! C'est rigolo ? Oui, mais il y a plus rigolo encore : Ouyahia disait vrai ! Surtout ne posez plus de question sur la suite, il ne faut pas tout épuiser d'un coup, au risque de retomber dans l'ennui, toujours mortel. L'ennui, il ne peut décidément pas y avoir avec Abdelmalek Sellal. Il peut vous avoir fait verser une larme quand il a demandé à la justice de le « laisser aller mourir chez lui », mais il s'est tout de suite rattrapé. Apprécions son humour de haut vol, manifestement intact en dépit de toutes les épreuves : « Je pensais qu'on allait me décerner une médaille, voilà qu'on me jette en prison .» Ça vous fait rire ? Normal, Abdelmalek Sellal adore raconter des blagues mais c'est quand il est sérieux qu'il est le plus drôle. Mais là aussi, il y a mieux pour s'esclaffer : Sellal avait... raison d'espérer une médaille. Son chef a eu des médailles à ne plus savoir où en mettre, des burnous, des chevaux, des propositions au Nobel de la paix, des cadres... toutes les récompenses du monde... d'Algérie, non ? S. L.