Que devient le magistrat lorsqu'il n'est plus magistrat, le ministre quand il n'est plus ministre, que le haut cadre est limogé, que le policier n'est plus policier ? Une fois qu'ils n'ont plus ce pouvoir dont ils ont pensé qu'il leur était dû et qu'il ne leur serait jamais confisqué ! Une fois qu'on les a dépouillés de leurs privilèges et qu'on les suppose en voie de rejoindre l'Algérie d'en bas ! Celle avec laquelle ils avaient rompu les amarres, à laquelle ils ne sont plus familiarisés mais qui attend, présentement, d'eux qu'ils rendent des comptes sur leurs agissements antérieurs ? Que lui diront-ils ? Le pouvoir serait-il tellement grisant qu'il rendrait aveugle ? Lorsque leur certitude que rien ne les ferait bouger de là est mise à l'épreuve et qu'il leur arrive de douter, ils s'empressent de mettre à profit l'un des privilèges que leur offre leur statut, ils y vont à fond la caisse dans le détournement et l'accumulation. Ce à quoi se seront exposés leurs prédécesseurs ne vaccine ni n'éclaire sur ce qui arrive une fois que l'on n'est plus rien. Pas le moins du monde ! On suppose, même, qu'avec toutes les opportunités qu'offre le poste, aucun surnom ne suggère de renoncer à la rapine. Surtout si un «Maya», donne plus le change qu'un «Zoulikha» quand on déménage à Moretti pour brasser des sommes qui donnent le vertige. Des centaines de milliards. Mais comment peut-on disposer d'autant d'argent sans attirer l'attention d'autorités censées veiller à une distribution équitable de ce dernier ? C'est vrai que la question est stupide mais, j'aime bien les questions stupides du genre. Elles ne reflètent pas seulement la stupéfaction ou la naïveté collective mais surtout le sentiment d'impuissance face aux rapports que le réseau de mafieux connecté à Bouteflika a eu le temps de tisser. Ils ont beau se dénoncer les uns les autres et tenter de s'en tirer avec un minimum de sanctions, il n'en demeure pas moins qu'ils auront fait ce bout de chemin, hyper-rentable, ensemble. Un temps qui leur aura permis, en satisfaisant les recommandations venues d'en haut, de se servir au passage ou de se faire, allègrement, renvoyer l'ascenseur. M. B.