Est-ce qu'un visage permet d'entrevoir l'intelligence de quelqu'un ? Il m'arrive, quelquefois, je l'avoue, de me poser la question en regardant une personne. Je me surprends, parfois, à me le demander. C'est vrai que lorsque vous voyez leur image défiler, vous n'en revenez pas que l'on ait pu leur trouver une quelconque crédibilité et les nommer à des postes aussi importants que ceux qui leur sont confiés. Je ne fais pas dans le délit de faciès mais je me dis quand même que si les compétences de quelqu'un pouvaient être perçues ou devinées dans son regard, on se dispenserait, peut-être, de leur concéder d'aussi sérieuses responsabilités. À supposer, bien entendu, que l'intelligence, à laquelle on pense, puisse intéresser ou même compter dans la nomination d'un individu. Que ses aptitudes à conduire un département ministériel, un gouvernement ou une confédération patronale puissent être un critère incontournable dans le choix d'un profil. Je ferai l'impasse sur les enquêtes d'habilitation conduites par la Sécurité militaire, par la police et par la gendarmerie pour attester de la moralité d'un futur responsable. Inutile, en fait, de se demander si l'on enquête vraiment sur lui avant de l'intégrer à un gouvernement et si les résultats auxquels conduisent les recherches ont des chances de peser sur les choix ? Des enquêtes qui font la démonstration, depuis que les tribunaux ne désemplissent pas d'anciens hauts fonctionnaires à l'itinéraire et la probité, pourtant, passés au crible, qu'elles ont été inefficaces. Ou que l'on n'avait pas l'intention d'en tenir compte parce qu'il était décidé qu'elles ne pèseraient ni sur le recalage d'un candidat ni sur sa promotion. On dit de ces enquêtes qu'elles servent autrement. À monter, par exemple, un dossier, sur celui que l'on va choisir, que l'on va garder au fond d'un tiroir, en attendant d'en exploiter le contenu à des fins peu amènes. Parce que se dire que trois enquêtes de services différents n'ont pas su détecter les prédispositions de futurs hauts responsables à écumer les caisses de l'Etat, entérinerait l'absence de compétence là où les aptitudes sont supposées réelles. M. B.