À deux jours de la rentrée scolaire officielle pour le palier du primaire, les papetiers chôment. Les papetiers sont inhabituellement désertés. Les conséquences de la crise sanitaire sont visibles pour un créneau qui connaît, en pareille saison, un engouement qui s'apparente à une ambiance de fête, notamment pour les chérubins du primaire et du préscolaire. Même les étals du marché informel ont tourné le dos cette année à l'événement annuel par excellence. Là, les commerçants sont branchés sur l'événement religieux du Mawlid Ennabaoui 2020. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Les commerçants à la sauvette rencontrés dans les espaces habituels des quartiers populaires de Belouizdad ou aux alentours du marché Réda-Houhou et du marché Djamaâ Lihoud ou encore rue Hassiba-Ben-Bouali le reconnaissent bien. En pareille circonstance, « la rentrée de cette année n'a rien d'un événement spécial pour notre commerce », s'accordent-ils à signifier. Il est vrai que c'est là qu'on retrouve les produits pyrotechniques, bougies, traditionnelles et modernes, de différentes tailles et couleurs et même le « fanous » (lanternes) destinés à la décoration des tables du Mawlid Ennabaoui. Les fournitures scolaires disparaissent cette année. Et pour cause, l'absence de la traditionnelle clientèle. Les papetiers visités abondent dans le même sens, puisque la clientèle fidèle en pareille occasion déserte les lieux. En effet, un tour du côté de ces commerces fait apparaître des lieux désespérément vides. C'est comme si les parents ne croient plus à la rentrée scolaire. Un parent d'élève rencontré est dubitatif car, selon lui, juste après le 21 octobre, et de quelques jours seulement, les écoles refermeront car elles seront vidées pour les préparatifs des salles de classe devant accueillir le scrutin populaire de la Constitution. Peu convaincu ou désespéré, le parent d'élève considère que l'événement a beaucoup perdu de son charme de telle sorte qu'il n'a pas osé prendre le chemin du libraire. En fait, avant l'entame de la rentrée, beaucoup de parents anticipent pour acquérir des produits « de base » tels que les cahiers en nombre, les stylos, les crayons, ainsi que d'autres articles. Un libraire nous dira que cette catégorie de clientèle agit en fonction de la répartition de son budget. Pour plus de précisions, il dira que ces parents s'acquittent de la plus grosse part de leur dépense avant de consulter la liste communiquée le jour de la rentrée. Selon lui, le parent d'élève débourse entre 2 000 et 4 000 DA, ce qui constitue le plus gros de ses dépenses, car le reste est constitué des fournitures scolaires les moins chères telles que les couvertures de cahier, à titre d'exemple. Mais parlant de la situation financière du commerce, les libraires questionnés n'affichent point d'optimisme, tant la rentrée de cette année intervient avec son lot de «surprises». Le chiffre d'affaires est à son plus bas niveau. «Les prix demeurent stables et la disponibilité ne souffre aucune perturbation notable», répliquent-ils. «Cette année, nous aurons de quoi payer les charges de loyer et d'électricité», ajoutent-ils. Et de conclure que pour le reste, « nous allons nous en tirer avec un bénéfice qui s'apparente à la plus modeste des fiches de paie». A. B.