Un jeune Tchétchène de 18 ans assassine un professeur d'histoire-géo français, en France, et le décapite. La «raison» ? Avoir montré les caricatures du prophète de l'Islam publiées par le journal Charlie Hebdo pour illustrer un cours d'éducation physique consacré à la liberté d'expression. Ce journal avait été, il y a quelques années, la cible d'un attentat terrifiant où plusieurs de ses journalistes et collaborateurs avaient été tués. Peu avant le crime commis sur l'enseignant français, l'ancien siège de Charlie Hebdo avait de nouveau été ciblé par erreur, blessant gravement deux employés d'une société de production audiovisuelle. Ce sont là quelques faits qui, comme informations, sont déjà «dépassées» mais ce n'est pas radoter que de les rappeler, histoire de situer dans leur «contexte» les récents prolongements qu'ils ont suscités. Il faut d'abord s'arrêter sur cette déclaration du Président français qui n'a fait que son... travail de chef de l'Etat français. On peut, certes, reprocher à Emmanuel Macron de s'aligner sur la décision du journal de publier ces caricatures, un choix qui n'est pas forcément partagé, y compris chez ceux qui sont attachés à la liberté d'expression. Mais ceux-là ont la légitimité de porter la contradiction au Président français. Ils considèrent qu'un journal est libre de ses choix éditoriaux et condamnent clairement et fermement les actions terroristes que ces publications ont suscitées. Le moins que l'on puisse dire est que c'est loin d'être le cas. À commencer par le Président turc : il n'a pas réagi aux assassinats au nom de l'islam et de la défense du prophète, il a... seulement répondu à Emmanuel Macron parce que ce dernier aurait «persisté et signé» en assumant la publication des caricatures en question. Ceci, si l'on concède à Erdogan sa compréhension sans nuances du propos du Président français. Mais à bien y regarder, le Président turc est aussi dans son rôle et il ne doit pas y avoir beaucoup de monde à attendre autre chose de lui. Il a seulement surpris par le ton de son propos et le fait qu'il n'ait pas contenu sa fougue à un moment où il n'a pas vraiment les moyens de bomber le torse. Par contre, on pouvait attendre «autre chose» là où... c'était possible, voire logique, de l'attendre. Chez des élites intellectuelles et politiques musulmans, chez les penseurs éclairés de l'islam vivant en terre d'Islam... Rien. Il n'y a que des brûleurs de drapeaux tricolores, des simulations de pendaison d'Emmanuel Macron et, suprême dérision, des boycotteurs de camembert. Pendant ce temps, Madame Erdogan continue d'exhiber ses sacs Hermes et ses tenues Coco Chanel à des milliers des dizaines de milliers d'euros l'unité. Et les musulmans ordinaires de boycotter les produis français qu'ils n'ont jamais eu les moyens d'approcher. S. L.