Alors qu'il y a quelques semaines à peine des perspectives plutôt optimistes étaient émises quant au marché du gaz, des propos du ministre algérien de l'Energie, Abdelmadjid Attar, sont venus, dimanche, refroidir quelque peu l'ambiance. Les exportations algériennes de gaz atteindront cette année 41 milliards de mètres cubes, soit 2 milliards de moins que l'année dernière, selon les prédictions annoncées par Abdelmadjid Attar qui le confiait, il y a deux jours, à Reuters. Une information qui vient ainsi assombrir encore plus un tableau déjà bien terne pour les hydrocarbures algériens, source de financement quasi exclusive de l'économie nationale. Ce sont donc 4,7% de moins que les exportations de gaz de l'année dernière que Sonatrach et ses traders parviendront à placer sur le marché mondial, éreinté comme toute l'économie à l'échelle planétaire par les conséquences de la pandémie de coronavirus. Marché du gaz qui, selon des perspectives, devrait connaître un début de remontée avec le début du grand froid, mais ce dont, apparemment, l'Algérie ne pourra tirer profit en raison, d'un, de la contraction de la demande chez nos partenaires européens, et de deux, du fait de la grande concurrence imposée par le gaz américain, moins cher, à tous les habituels exportateurs qui dominaient le marché jusqu'à il n'y a pas encore longtemps. Les grandes difficultés imposées au marché du gaz ont été illustrées, pas plus tard que la semaine dernière, par une nouvelle chute des prix en dessous de 2,70 dollars le million de Btu (MMBtu) alors que deux semaines plus tôt, le MMbtu avait bondi jusqu'à 3,50 dollars. Une baisse des prix due au temps doux ayant caractérisé le début du mois de novembre, ce qui a renversé tous les scénarios émis il y a à peine deux mois, lorsque était prédit un rebond de la demande, entre autres par le Forum des pays exportateurs de gaz qui, début octobre dernier, statuait sur une augmentation de la demande mondiale de 4 milliards de mètres cubes durant la période hivernale qui s'annonce alors qu'une experte pour le compte d'un site spécialisé américain pariait sur «une montée en flèche du prix du gaz» en prenant en référence le GNL américain pour attester que « les prix de référence très volatils du gaz naturel aux Etats-Unis devraient augmenter dans les mois à venir dans un contexte de baisse de la production intérieure, de hausse de la demande en hiver et de reprise des prix mondiaux du gaz en Europe et en Asie, principales destinations d'exportation des Etats-Unis pour le gaz naturel liquéfié (GNL) ». Le gaz américain qui se trouve être une des raisons de la baisse des exportations algériennes, comme le relève d'ailleurs Abdelmadjid Attar dans les propos rapportés par Reuters, il y a deux jours, lorsqu'il expliquait les raisons de la baisse de nos exportations de gaz, frappées par une demande réduite de l'Europe et, donc, la concurrence des approvisionnements américains moins chers. Le ministre Attar qui a annoncé que la production totale de gaz atteindra 126 milliards de mètres cubes, contre 127 milliards de mètres cubes en 2019, avec une production entravée par le vieillissement des champs et le manque d'investissement au moment où la consommation intérieure a augmenté de 5,3% par an depuis 2009 pour atteindre 46 milliards de mètres cubes l'année dernière. Azedine Maktour