Dans un rapport rendu public hier, l'ONG Oxfam International a exprimé ses craintes quant aux conséquences de la reprise de la guerre entre le Maroc et le Front Polisario pour la sécurité régionale et pour les réfugiés sahraouis dans les camps à Tindouf. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - « La reprise des combats au Sahara Occidental entre le Front Polisario et le Maroc après un cessez-le-feu de 29 ans menace la stabilité régionale et ravive les craintes pour la sécurité et l'avenir des réfugiés sahraouis — dont la plupart ont été déplacés depuis 1975 », a affirmé, en effet, cette ONG implantée dans les camps de réfugiés dans son rapport. Elle alerte sur les implications sécuritaires pour les camps de réfugiés sahraouis du fait de l'intensification des tensions et qui pourraient limiter le mouvement des ONG à l'intérieur des camps et avoir un impact sur l'engagement futur des donateurs, ce qui aurait de sérieuses ramifications pour la population réfugiée. « Plus de 173 000 Sahraouis vivent dans le désert du Sahara, près de Tindouf, en Algérie, et dépendent presque entièrement de l'aide pour survivre. La pandémie Covid-19 a encore aggravé la faim et la pauvreté chroniques dans les camps depuis mars. Seuls 12% des ménages des camps de réfugiés sont en sécurité alimentaire et plus de 133 000 personnes dépendent des distributions mensuelles de produits et de produits secs d'Oxfam et d'autres organisations humanitaires comme principale source de nourriture », explique la même source. Pour le directeur national d'Oxfam en Algérie, Haissam Minkara, l'effondrement potentiel du cessez-le-feu est une évolution extrêmement préoccupante pour les réfugiés sahraouis qui attendent depuis 45 ans la résolution du conflit du Sahara Occidental. Il estime que la reprise des négociations politiques est essentielle pour la stabilité régionale et constitue le meilleur moyen d'éviter toute nouvelle escalade du conflit. « Les agences humanitaires doivent être soutenues pour continuer à fournir une aide humanitaire vitale, même si la situation sur le terrain se détériore. La crise des réfugiés sahraouis souffre déjà des conséquences de la fatigue des donateurs alors que nous arrivons à la fin de 2020, l'appel de financement annuel de l'ONU n'est même pas financé à 60%. Une diminution du financement ou une perturbation des opérations humanitaires seraient dévastatrices pour les réfugiés sahraouis, les exposant davantage aux conséquences de la pandémie de coronavirus », a-t-il affirmé. Oxfam International demande la nomination immédiate d'un nouvel envoyé personnel des Nations-Unies sans plus tarder, pour remplacer l'ancien Président de l'Allemagne qui avait démissionné, officiellement, pour des raisons de santé. L'ONG a souligné que l'échec du secrétaire général de l'ONU à nommer un nouvel envoyé pendant 18 mois a laissé les négociations entre les parties au conflit complètement au point mort et a sapé l'élan vers une solution politique. Soutenant que la violence ne peut pas être la réponse, l'ONG appelle la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour donner espoir aux réfugiés sahraouis et réaffirmer l'importance de la paix. « Cela doit être fait à la fois par la fourniture continue d'une aide humanitaire d'urgence, y compris la nourriture, l'eau, un abri et l'accès à l'éducation, mais aussi par un engagement diplomatique authentique et soutenu », a-t-elle plaidé. K. A.