Cela fera bientôt une année que la planète est chamboulée par un virus qui a semé la mort, mis l'économie à genoux, fermé les frontières, séparé les êtres humains et changé le mode de vie des Terriens. Pourtant, de nombreux quidams sont toujours dans le déni total de l'existence de la Covid-19. Faisant un pied-de-nez aux recommandations des professionnels de la santé, ils boudent le port du masque, se regroupent par instinct grégaire et continuent à vivre comme avant la crise sanitaire. Des comportements observés chaque jour dans les rues et qui laissent pantois. Bousculade pour acheter de la vaisselle ou du maquillage, attroupement devant les kiosques vendant du thé, déambulation sans masque et sans distanciation physique... Même pas peur, les Algériens ? Bousculade pour de la vaisselle et des produits cosmétiques À proximité du marché Ferhat-Boussad, ex-Meissonier, les magasins commercialisant de la vaisselle sont pris d'assaut dès la matinée. Attroupements, bousculades, et longues files pour acquérir marmites, tasses, assiettes et accessoires de décoration. Ces scènes que l'on avait habitude de voir uniquement la veille du mois de Ramadhan sont devenues quotidiennes. « C'est comme si la vaisselle était distribuée gratuitement ! s'emporte un passant qui n'en croit pas ses yeux. Regardez-moi ce ‘'ghachi'' qui s'agglutine sans masque et sans respect de la distanciation sociale comme si leur vie en dépendait ! Est-ce vital d'acheter une assiette ou une cuillère par temps de pandémie ? Où sont les autorités ? » éructe-t-il en hochant la tête l'air dépité. Mêmes scènes surréalistes dans une ruelle à proximité. Une enseigne proposant des produits de maquillage à 100 DA pièce fait le plein de clientes en mal de rouge à lèvres et fond de teint made in China. Bas les masques En ville, de nombreuses personnes se baladent sans masque sur le visage. Certains jeunes le portent négligemment sous le cou, d'autres autour du poignet et d'autres encore le gardent au fond de leur poche. Ahmed, 25 ans, n'est pas convaincu de l'efficacité du masque. « Je ne le porte que lorsque je conduis afin d'éviter une contravention. C'est Dieu qui donne la maladie et la mort. La Covid-19 ne me fait pas peur ! » soutient-il. Naziha, 41 ans, fait du lèche-vitrine. Pas de bavette sur le visage non plus. « Le port du masque me flanque des allergies respiratoires et des irruptions cutanées, argue-t-elle. J'essaye de ne pas m'approcher des gens pour me protéger. Dans certains commerces, le port du masque est obligatoire. Dans ce cas, je dégaine le mien qui est dans mon sac. Mais je m'empresse de le retirer aussitôt que je quitte la boutique afin de pouvoir respirer librement. Cette bavette est insupportable ! » Collé-serré Menouar, 49 ans, se dit ulcéré par le laisser-aller observé en société. « On ne va jamais s'en sortir avec ces comportements ! Regardez ! Très peu de gens font attention. Dans la rue, dans les marchés, dans les bus, on vous colle carrément ! Vous avez beau essayer de garder vos distances, peine perdue ! Même les marquages au sol dans les supérettes n'ont pas réussi à discipliner les clients. Ils adorent s'agglutiner. Certains chauffeurs de taxi et de bus privés ont des comportements bizarres. Récemment, j'ai pris un bus où la moitié des passagers ne portaient pas de masque, y compris le chauffeur. À l'approche d'un barrage de police, ce dernier s'est dépêché de le mettre et a ordonné aux passagers d'en faire de même. On a l'impression que les citoyens jouent au chat et à la souris avec les autorités. Ils ont juste peur d'avoir une amende à payer. Ils s'en fichent complètement d'être contaminés et de finir à l'hôpital ou au cimetière. Ils ne réalisent pas non plus qu'ils peuvent transmettre la maladie à leurs parents, leurs amis et leurs proches en moins de trois secondes. Le danger avec ce virus, c'est qu'il est extrêmement contagieux et cela beaucoup de personnes refusent de l'admettre .» Lassitude, défi, amour du risque Baisser la garde, comme si la Covid n'était qu'un mirage. Par déni, par défi, par lassitude, c'est selon. Nabil, 29 ans, admet avoir baissé la garde. « Depuis mars dernier, nous vivons sous pression avec ce virus, suspendu comme une épée de Damoclès sur nos têtes. J'ai pris mille et une précautions et, pourtant, j'ai fini par le choper ainsi que toute ma famille en septembre dernier, sous une forme légère, je dois le préciser. Alors, je dois avouer que je fais moins attention à présent. Je me dis que je suis immunisé pour plusieurs mois et que la vie n'attend pas. J'estime avoir raté beaucoup de bons moments déjà. Alors, je sors, je vois mes amis, et je profite en essayant d'oublier ce maudit virus qui nous pourrit la vie depuis près d'un an à présent ! » Prendre ses précautions en mettant un masque sur le visage, en se lavant les mains fréquemment et en gardant ses distances avec les autres, tout en continuant à vaquer à ses occupations essentielles n'est pas sorcier en comparaison du risque que cette maladie nous fait courir. Une question de bon sens en attendant l'arrivée d'un vaccin anti-Covid qui nous permettra un retour à la vie normale. Soraya Naili