Face à l'insuffisance de la ressource halieutique en Algérie, le directeur central du développement de l'aquaculture au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques préconise de développer l'aquaculture et d'aller vers la pêche en haute mer. Deux créneaux qui constituent selon lui, la seule alternative à la pêche naturelle. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Avec une consommation nationale en produits halieutiques n'excédant pas les 200 mille tonnes par an, la moyenne de consommation de l'Algérien qui oscille entre 4,6 et 4,7 kilogrammes par personne et par an, reste «faible» par rapport aux normes mondiales. Même les prix exorbitants exercés sur le marché n'encouragent pas les consommateurs à aller vers ces produits. C'est ce que reconnaît le directeur central du développement de l'aquaculture au ministère de la Pêche, Anane Rachdi. Pour lui, le prix du poisson n'est pas à la portée de tout le monde, notamment avec le pouvoir d'achat qui ne cesse de dégringoler. «C'est une réalité que personne ne peut nier», a-t-il dit jeudi dernier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 1, Selon lui, la production annuelle de la pêche naturelle qui avoisine les 100 mille tonnes a stagné depuis six à sept ans. «Nous avons une ressource halieutique limitée. Afin de la préserver, il ne faut pas augmenter les capacités de production actuelles, d'où la nécessité de trouver une alternative», affirme-t-il. Pour parer à ce manque, il cite le recours à l'importation qui est pour lui, loin d'être une solution pour l'économie nationale surtout avec la situation financière actuelle du pays. «D'ailleurs, les prix des produits importés seront encore plus élevés» a-t-il dit, avant d'insister sur l'aquaculture comme «alternative pour pallier à cette insuffisance». L'invité de la radio évoque, à cet effet, le développement de la pêche en haute mer. «Il faut aller vers la pêche en haute mer, soit dans les eaux territoriales ou bien en exploitant des autorisations de pêche avec d'autres pays tels la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, Djibouti et le Soudan», plaide-t-il. Ce mode de pêche, poursuit-il, nécessite des embarcations de pas moins de 40 à 45 mètres de long dotées de nouvelles techniques avec un équipage formé et qualifié. La construction d'embarcations répondant aux normes exigées en Algérie, s'impose donc. Un dossier qui connaît des avancées puisque les partenaires ont été choisis et toutes les étapes techniques déterminées. «L'atelier de construction des embarcations localement ne sera pas dédié uniquement aux grandes embarcations pour la pêche en haute mer, mais il s'occupera du renouvellement de la flotte nationale de pêche», détaille-t-il. S'agissant de l'aquaculture, Anane Rachdi précise que la production est passée de 4 751 tonnes en 2019, à près de 8 mille tonnes en 2020, soit un taux de croissance de plus de 45%. «Nous avons actuellement, 72 projets en aquaculture, 60 pêcheurs en pêche continentale et plus de 2 000 agriculteurs qui œuvrent pour l'intégration de l'aquaculture dans leur activité agricole», note-t-il. Il déplore, par ailleurs, que de nombreux projets restent «gelés» même après leur validation. «Le Centre national de recherche et de développement de la pêche et aquaculture avait validé en 2020, plus de 192 études de projets dont la majorité sont aujourd'hui bloqués au niveau des commissions de wilaya pour l'étude des autorisations de franchise. D'autres attendent les crédits d'exploitation à délivrer par les banques», regrette-t-il. Il cite ainsi l'exemple de 15 fermes aquacoles dont l'entrée en activité dépend des autorisations de franchise ou des banques, mais aussi ce cas de plus de 100 projets en aquaculture dans le sud du pays, gelés depuis deux ans en attente de l'autorisation de franchise. Ry. N