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«Il faut relaxer toutes les personnes incarcérées en 2019»
Me KHALED BERGHEL AU SOIR D'ALGERIE :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 01 - 2021


Entretien réalisé par Abla Cherif
Dans cet entretien, Me Khaled Berghel aborde avec nous les questions brûlantes de l'actualité dans le monde de la justice et lance un appel au président de la République pour la libération de toutes les personnes incarcérées durant les évènements de 2019.
Le Soir d'Algérie : Le syndicat national des magistrats a, de nouveau, publié un communiqué dans lequel il s'en prend sévèrement au fonctionnement de la justice. Comment l'avez-vous lu, interprété ?
Khaled Berghel : J'ai effectivement pris connaissance du dernier communiqué du Syndicat national des magistrats. J'ai également constaté qu'il faisait référence à la situation qui prévalait dans la corporation en 2019. Elle traduit l'effet produit par un conflit ancien entre ce syndicat et le ministère de la Justice.
Ce conflit, faut-il le rappeler, a éclaté au moment où le pays enregistrait la naissance du Hirak et la nomination d'un nouveau ministre de la Justice. Ce conflit est allé en s'accentuant, il y a eu des nominations aux postes de procureurs généraux, de juges, il y a eu des mutations, les magistrats sont confrontés à des problèmes et n'ont malheureusement d'autres moyens de recours que leur syndicat.
Ce que l'on constate également est que cette nouvelle sortie publique a eu lieu après l'entrée en vigueur de la Constitution amendée, qui a attribué des prérogatives au Haut Conseil de la magistrature. C'est aussi une manière de dire que nous sommes là, et qu'on ne peut pas permettre la prise de décisions unilatérales.
Le fonctionnement de la justice a été, cependant, sévèrement critiqué...
Il y a une part de vérité dans ce que dit le SNM. Il est vrai qu'habituellement, on voit les dossiers traîner au niveau de certaines instances. À présent, la cadence s'est accélérée. C'est une bonne chose, car elle permet d'organiser de nouveaux procès, ce qui offre au justiciable une nouvelle chance.
Nous espérons seulement que cette démarche se généralise à tous les dossiers, et qu'elle ne concerne pas uniquement les affaires phares, les dossiers politiques de corruption ou les affaires militaires. En tant qu'avocats, nous n'avons pas accès à la gestion de ces dossiers, la justice les programme et nous défendons nos clients du mieux que nous pouvons.
Avez-vous été surpris par la rapidité de la cassation des grosses affaires ?
C'est vrai que l'on constate qu'il y a une rapidité inhabituelle dans le processus de traitement de ces affaires. Mais vous voyez bien aussi que, depuis l'arrivée du nouveau président de la République, ces dossiers occupent le devant de l'actualité. À mon avis, il y a quelque part une volonté d'aller vite, d'en finir avec cette étape de notre histoire qui ternit notre réputation tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. C'est à croire que la priorité est là alors qu'elle est ailleurs en réalité. Nous avons besoin de reconstruire ce pays, de croissance, de tourner la page.
Deux chefs de gouvernement se retrouvent en prison car ils ont exécuté les choix d'un président de la République, parce qu'ils ont signé... C'est une priorité ça ? Seul le Parlement a le droit de dire que ces personnes ont fauté, qu'elles sont corrompues mais il ne s'est pas exprimé. Tout le monde sait que ce sont des affaires politiques, qu'il y a eu vengeance...
Le président de la République connaît toutes ces personnes qui sont en prison actuellement, il a travaillé avec elles, ce n'est pas lui qui est derrière tous ces dossiers. Il faut que cela cesse, que ces dossiers soient gérés dans le calme. Nous avons eu accès à certains dossiers et on a vu qu'il n'y avait rien.
Malgré cela, des administrateurs ont été désignés de manière illégale à la tête des entreprises qu'ils dirigeaient. J'ai eu affaire à des entrepreneurs qui ont mis dix ans à obtenir un permis de construire alors qu'ils avaient déposé des dossiers complets, conformes, mais ils se retrouvent aujourd'hui en prison. Ces hommes d'affaires se sont appuyés, ont cru en une politique, à des lois qui existent et signées par Ouyahia et Sellal lorsqu'ils étaient Premiers ministres.
Aujourd'hui, tous sont en prison, mais on continue à appliquer les mêmes lois, leurs lois ! Il y a quelque chose qui ne va pas là-dedans. Il y a vingt-cinq ministres, quinze ou vingt walis, des généraux qui doivent être jugés, des corporations sensibles ont été entachées, trouvez-vous cela normal ? Je ne dis pas qu'ils n'ont pas fauté, mais tout ceci doit se régler dans la sérénité. Quelle image renvoyons-nous encore une
fois ? C'est une honte. Qui va travailler avec l'Algérie ? Quel investisseur étranger ou même national a aujourd'hui envie de se présenter ? Même les cadres n'osent plus prendre de décisions. C'est grave. Le Premier ministre les a appelés à agir, il veut les booster, mais ce n'est pas ainsi qu'ils reprendront confiance. Quand ils voient leurs prédécesseurs en prison, ils ont peur, et c'est normal.
Ils doivent être libérés ?
Il faut de la retenue. L'image du pays a été ternie. J'appelle le président de la République à libérer toutes les personnes qui ont été incarcérées durant l'époque où il y a eu complot. Et j'inclus naturellement tous les détenus d'opinion, ceux dont le seul tort est de s'être exprimé. Il faut de nouveaux mécanismes, il faut sanctionner mais pas en faisant honte au pays.
On voulait plaire au Hirak, mais même le Hirak a compris de quoi il s'agissait puisque la population a réagi en disant qu'il s'agissait de règlements de comptes et de rien d'autre. Nous sommes à la croisée des chemins. il est temps de tourner la page, de libérer tout le monde et construire ce pays.
Le tribunal militaire de Blida a récemment libéré tous les accusés dans l'affaire dite de complot. Pensez-vous que d'autres libérations suivront ?
Je l'espère. Dans cette affaire, nous avons vu très vite qu'ils faisaient fausse route. Nous l'avons dit à 1h du matin lorsque nous étions au tribunal militaire, il n'y a rien dans le dossier. Rappelez-vous des circonstances dans lesquelles ils ont été arrêtés, des photos, images, caméras.
Rappelez-vous des discours de l'époque, la décision avait alors déjà été prise. Le problème est qu'il est difficile de convaincre l'opinion. Je dis que si le général Benhadid a été libéré c'est normal, il n'avait rien à faire en prison, et c'est pareil pour le général-major Ali Ghediri. Il n'a rien à faire en prison et sa libération est tout à fait normale.
La réticence de l'opinion n'est-elle pas normale ?
Si, bien sûr, il y a eu tellement de tapage fait autour de ces affaires, il y a eu de la propagande, des caméras, des interventions officielles. On a promis au peuple une démarche qui déshonore. On n'appelle pas les gens à venir devant les tribunaux crier « voleurs, vous avez détruit le pays », on sanctionne, on met en place des mécanismes honorables. La presse est témoin de ce qui s'est passé. Je comprends aussi l'opinion publique, car si on relaxe dans un dossier datant de cette époque, il faut relaxer tout le monde.
Le Président est le seul à pouvoir donner de nouvelles orientations pour tourner la page.
Dans les affaires du Hirak, même les condamnations à des amendes ou des peines avec sursis restent des condamnations de la justice qui entachent les casiers judiciaires. Il faut une nouvelle conciliation, des mesures politiques, la justice seule ne pourra rien régler de tout cela.
A. C


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