Des chaînes interminables d'hommes et de femmes attendant l'arrivée du camion de lait. Ces scènes désolantes se répètent régulièrement. «La crise de la distribution du lait en sachet n'est pas près de s'estomper. Bien au contraire, elle ira en s'aggravant», affirme une source indirectement impliquée dans ce dossier. Pour cette source, l'Etat ne pourrait pas à lui seul venir à bout de personnes qui perturbent cette filière de l'industrie de l'agroalimentaire sans la participation des consommateurs, les détaillants et d'autres parties. Ces auteurs savent en outre que leur «vache à lait» ne s'arrêtera jamais. Dans le cas contraire, c'est l'émeute assurée. On nous précise, en outre, que la filière du lait charrie une manne financière énorme qui provient partiellement de la subvention de l'Etat du lait des pauvres. Elle enrichit ces perturbateurs. Poudre de lait détournée ou grignotée Notre source nous explique comment les uns et les autres pompent l'argent du lait. La poudre est importée. L'Etat la cède entre 150 et 170 dinars le kilogramme aux producteurs de lait en sachet. Le produit est vendu au consommateur à 25 dinars l'unité. Selon nos informations, 103 grammes de poudre de lait sont nécessaires pour produire un litre de lait en sachet. Cette même poudre vaut, en réalité, 450 dinars le kilogramme la 0% (0% de matières grasses) et 550 dinars le kilo pour la 26% (26% de matières grasses). La poudre subventionnée ne va pas exclusivement à la fabrication du lait. «Les dérivés rapportent plus», laisse entendre notre source qui ajoute : «D'autres producteurs grignotent entre 5 et 10 grammes sur la quantité de poudre pour produire le litre de lait.» En d'autres termes, ces producteurs ne respectent pas les normes de production. D'après nos recherches, une enquête sur ce grignotage a prouvé qu'un producteur de lait de la région avait gagné illégalement en une année plus de 2 milliards de centimes. Cette somme provient de la poudre prélevée sur la qualité et la conformité du lait. Certains distributeurs alimentent le marché parallèle Certains distributeurs créent la pénurie et alimentent le marché parallèle. L'astuce est simple. Elle est possible grâce à la complicité active ou passive de certains détaillants. Notre source nous explique : «Certains distributeurs (grossistes, ndlr) déchargent chez le détaillant 500 sachets. Comme ils ont fait signer à l'épicier le bon de livraison (BL) à blanc, ils inscrivent plus tard 1 000 sachets sur le BL afin de se conformer, sur papier, au plan de distribution et pour échapper aux contrôleurs. Si les 500 sachets sont effectivement livrés au détaillant, les 500 autres alimentent le marché parallèle pour être vendus à 30 ou 35 dinars.» Pour avoir plus d'informations techniques sur cette activité, nous avons pris attache avec le chef de service production auprès de la Direction du commerce de la wilaya de Boumerdès (DCWB). Selon les indications qu'il nous a fournies, la wilaya de Boumerdès compte 4 laiteries. Il nous a précisé que l'une d'elles dont la capacité journalière est de 30 000 litres est à l'arrêt temporaire (panne). Les 3 autres unités dont la LFB (Laiterie-fromagerie de Boudouaou (350 000 l/j) produisent présentement 380 000 l/j. 160 000 l/j sont distribués dans 203 villes de la wilaya de Boumerdès. Le quota de chacune des localités varie entre 5 000 et 15 000 l/j. Le reste de la production est expédié vers les wilayas limitrophes (Alger, Bouira, Blida,). A notre question relative au grignotage des quantités de poudre, notre interlocuteur dira : « Nous faisons régulièrement des prélèvements. La majorité des producteurs respectent le cahier des charges, ceux qui commettent des infractions sont sanctionnés conformément à la réglementation.» En tout cas, il n'a pas démenti nos informations. Abachi L. Débat scientifique sur les finances des collectivités locales sans les intéressés «Limites du financement local et problématique de rationalisation des dépenses communales en Algérie : l'impérative valorisation des ressources financières et le renforcement des capacités de pilotage de la performance.» C'est le sujet débattu les 26 et 27 janvier au niveau de la bibliothèque centrale de l'Université M'hamed-Bougarra de Boumerdès (UMBB). Diverses interventions suivies de débats figurent au programme de ce séminaire national organisé par la Faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion (FSECSG). Ce conclave s'est fixé comme objectif de mettre en exergue les défis et les obstacles concernant la gestion financière d'une collectivité locale en Algérie. Des chercheurs venus également d'autres universités du pays traiteront de la réforme de la fiscalité territoriale, de la gestion des biens communaux, de la solidarité financière entre les municipalités... Sujets extrêmement intéressants pour les responsables des collectivités locales, les élus APW ou d'autres acteurs de l'administration locale, lesquels ont brillé par leur absence à l'exception du wali qui a fait une brève intervention d'ouverture. Dès lors, on ne pouvait ne pas s'interroger pour savoir si nos élus sont réellement intéressés par la mission qui concerne l'amélioration des finances des collectivités qu'ils dirigent. Abachi L.