Les automobilistes sont toujours soumis au diktat des gardiens de parkings anarchiques. À proximité de la place du 1er-Mai, des jeunes gardiens de parkings exploitent, au vu et au su de tout le monde, toute une rue de plus de 500 mètres et une aire de stationnement délimitée dans une cité. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Les automobilistes qui garent leurs véhicules à quelques dizaines de mètres de la place du 1er-Mai ou à proximité du boulevard Aïssat-Idir se voient contraints de s'acquitter des frais de stationnement, dans une rue qui est devenue, au fil du temps, une chasse gardée des jeunes du quartier. Cette pratique est certes contraignante et illégale, d'autant plus qu'elle cible les automobilistes venus de régions éloignées, à la quête de courses dans les magasins d'habillement qui foisonnent dans la rue Hassiba ou encore ceux venus rendre visite à leurs proches à l'hôpital Mustapha-Pacha. C'est l'image qui traduit aussi une prolifération des parkings anarchiques dans beaucoup d'autres lieux de la capitale. Autant dire que les trottoirs sont carrément squattés et monnayés, et avec, les parkings sauvages sont improvisés çà et là aux quatre coins d'Alger. Si pour les automobilistes, la capitale souffre cruellement de ce phénomène, les « parkingueurs », eux, considèrent, par contre, qu'ils exercent un métier. Ce qui explique que les efforts déployés par les pouvoirs publics pour éradiquer le phénomène de stationnement anarchique dans la wilaya d'Alger ont toujours été vains. Au niveau de la longue rue parallèle au boulevard Aïssat-Idir, menant à la Maison de la presse Tahar-Djaout, Samir et son compère Faouzi considèrent qu'ils activent dans un territoire qui leur est propre. « Je suis là depuis près d'une dizaine d'années », affirme le jeune « parkingueur ». Et d'enchaîner : « C'est mon quartier, alors il constitue pour moi mon gagne-pain .» En fait, ils sont plus d'une dizaine de jeunes natifs de ce quartier, qui squattent la rue en délimitant les espaces. Ce sont des jeunes chômeurs avides de gain facile mais qui activent avec la collaboration des automobilistes. Hier dimanche, l'un de ces derniers rencontré sur les lieux avoue qu'il ne trouve pas de mal à payer le stationnement de son véhicule dans la rue. « Nous contribuons à venir en aide à de jeunes chômeurs, car il faut bien que quelqu'un les aide », argue-t-il. D'après un riverain, le phénomène prend de l'ampleur en été, avec la multiplication des déplacements des familles algéroises. Selon le témoignage de ce sexagénaire qui réside depuis plusieurs années dans la rue concernée par les stationnements payants, l'exploitation illicite des espaces de stationnement gagne du terrain, d'autant plus que cette activité devient de plus en plus lucrative pour ces jeunes victimes de l'échec scolaire, précisant qu'ils sont attirés par le gain facile mais aussi encouragés par la passivité des pouvoirs publics. « Ces jeunes ne sont jamais appréhendés », commente-t-il. Et pour preuve, il dira que même la présence policière n'est guère perceptible sur ces parkings improvisés, autrefois des rues de stationnement libre. A. B.
