Les opérateurs économiques nationaux ambitionnent de conquérir le marché africain et de s'accaparer d'importantes parts de ce marché. Outre les échanges commerciaux, ils envisagent également d'investir en Afrique. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le ministre du Commerce aspire à ce que la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) soit «un espace commercial par excellence» pour les marchandises et services africains. Pour lui, le développement du commerce entraîne le développement de l'industrie et du tourisme d'où précise-t-il, l'engagement de son département pour l'accompagnement de tout effort visant à développer et à diversifier les exportations et à accroître la coopération commerciale entre l'Algérie et les pays africains. Intervenant lors de la conférence sur «La promotion des échanges intra-africains», organisée jeudi dernier, au Centre international des conférences (CIC), à Alger, Kamel Rezig a rappelé l'ouverture des postes frontaliers avec la Mauritanie, le Niger et le Mali, avant d'affirmer que ceux avec la Libye et la Tunisie seront bientôt ouverts. «Ils n'ont pas été ouverts uniquement pour l'exportation des produits algériens, mais aussi pour réceptionner des produits africains et permettre ainsi aux Africains d'exploiter ces passages pour l'importation de marchandises de différents coins du monde», note-t-il. Le P-dg du Groupe Condor, Abderrahmane Benhamadi, affirme pour sa part, que l'Afrique est le marché «naturel» pour les produits algériens, notamment l'électroménager et l'électronique. «Ces produits ont une grande chance pour être présents sur tout le continent africain. Il faut donc pénétrer ce marché et en prendre une importante part», dit-il. Spécialisée dans l'industrie électronique et et l'électroménager, son entreprise Condor Electronics a réalisé durant les trois dernières années, 80 millions de dollars d'exportations avec un taux de 87% des expéditions de ses produits vers les pays africains, contre uniquement 8% vers l'Europe et 5% vers l'Asie. Aujourd'hui, son objectif est d'augmenter son chiffre d'affaire à l'exportation à 20% pour atteindre 200 millions de dollars d'ici 2025. Benhamadi incite ainsi les opérateurs algériens à s'inspirer de cette «modeste» expérience, entamée depuis 2017. Soulignant l'arrêt de l'activité d'exportation depuis l'avènement de la crise sanitaire de Covid-19, il estime toutefois, que l'ouverture des frontières terrestres est «nécessaire» afin de «permettre l'acheminement des marchandises exportées par voie terrestre, notamment vers la Libye, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie». De son côté, le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, fait remarquer que 2% de taux d'échanges de notre pays avec l'Afrique est loin de refléter les ambitions des exportateurs algériens. Se réjouissant de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), il estime qu'il est inconcevable d'avoir des accords d'association avec des grands espaces du monde et ne pas en avoir avec l'Afrique. Mais comment conçoit le président de l'Anexal le développement des exportations vers l'Afrique ? Compte tenu de l'«histoire industrielle» et de l'«expertise industrielle» de l'Algérie, il précise que les opérateurs nationaux ne veulent pas uniquement des échanges commerciaux avec l'Afrique mais ambitionnent aussi d'y investir. «Nous ne pouvons pas considérer le Niger, le Mali ou le Tchad comme des espaces de commercialisation. Nous avons des ambitions d'investissements, des ambitions de partage», ajoute-t-il. Pour lui, seule une volonté politique partagée entre les pays africains permettrait au volume d'échanges commerciaux intra-africains actuellement de 15%, de concrétiser l'ambition de 55 % des échanges. Organisée par le Groupe Condor, la rencontre dédiée à «la promotion des échanges intra-africains», a vu la participation des ambassadeurs et attachés économiques de 22 pays africains représentés en Algérie. Ry. N.