Vous allez « bouffer du Ramadhan » jusqu'à ne plus pouvoir en avaler, dans cet espace. Il est quand même utile, ce pauvre même si on l'accable de tous les maux. Il paraît qu'il a aidé plus d'un à arrêter de fumer et ce n'est pas rien. C'est même quelque chose, un grand quelque chose. Quand les machines de cette usine à cancer et autres saloperies mortelles cessent de tourner, même chez une seule personne, c'est déjà de gagné contre la Faucheuse. On ne sait pas vraiment dans quelles proportions le fait de jeûner aide à se débarrasser de la clope mais on sait déjà que toutes les tentatives sont bonnes, parce que de toute façon, il y en aura toujours qui aboutiront. Sinon, il restera toujours le rire et ça aussi, ce n'est pas rien : arrêter de fumer, c'est facile, la preuve, il y en a qui ont... arrêté des dizaines de fois ! Il paraît (aussi) que le jeûne est un... repos salutaire pour l'estomac. Si, si, des gens qui vous expliqueront la chose, vous en trouverez des dizaines au mètre carré. Des bac moins dix, des « sixième arabisée », des analphabètes trilingues, des illettrés érudits et des estomacologues, des jeûnologistes et des spécialistes en tout, c'est-à-dire experts en rien vous diront comment l'appareil digestif se met en congé et vous expliqueront tous les avantages, les bienfaits... en fait tout le bonheur que cela procure au corps et donc au jeûneur ! Dans la liste des spécialités citées plus haut, on a peut-être oublié la plus importante : la science-fiction. Parce que dans la vraie vie, l'estomac ne se repose pas, il fait des heures supplémentaires, à un rythme intenable et des outils mortifères. Dans le cas précis, il y en a qui vous le diront les yeux dans les yeux sans sourciller, sans rire, sans gêne : le Ramadhan est un bon régime. Et on a raté ça ! On perd du poids en se gavant comme un canard qu'on prépare au foie gras, en dormant comme un dingue de trois heures du matin jusqu'à midi ou... pire, en prenant la voiture même pour aller aux toilettes et en mangeant à toutes les heures de la nuit ! Et puis la meilleure, la « meilleuse » comme dirait quelqu'un : il paraît (encore et toujours) que le Ramadhan suscite la générosité, la solidarité et la rigueur morale. Pour ça, il n'y a rien à dire, il suffit de regarder autour de soi et même un peu plus loin : dans la rue, les marchés, sur la route, tout baigne. Dommage qu'il ne dure qu'un mois. A 28 jours de la fin, il nous manque déjà. S. L.
