Comme un malheur n'arrive jamais seul, voilà que le Mali est plongé une fois de plus dans la tourmente. Et pour cause, la Cedeao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) dont il fait partie, le sanctionne à cause de son colonel number one qui ne se soucie pas de la légalité. Pour aggraver les mesures répressives, l'Union africaine se met de la partie et suspend tout bonnement ce malheureux pays de toutes ses instances. Les coups traîtres, des groupes armés sanguinaires, contre les populations désarmées qui ne savent plus à quel saint se vouer ne suffisent pas. Le Mali, aujourd'hui, est, devenu une succession de drames. Déchiré par les tiraillements des clans politiques rivaux, soucieux chacun de tirer la couverture à soi, il risque, à tout le moins, l'éclatement du fait de forces centrifuges dont le souci premier n'est pas l'unité territoriale. Il est vrai qu'il y a les Accords d'Alger, c'est vrai aussi que des pays frontaliers et même extra-africains ont fait leur la protection et la préservation de ce pays tel que fixé dans ses frontières. À la vérité, tous trahissent leur impuissance à aider le Mali, tiraillé de partout et en état de cessation de paiement. Et comme si cela ne suffisait pas, le pays est balloté entre les ingérences extérieures — à se demander ce qu'il les fait courir. De ces rivalités, il n'en tire aucun profit. L'ancien Soudan occidental n'est plus la chasse gardée de l'ancienne puissance coloniale qui tient pourtant à garder la haute main sur ses affaires internes. Celle-ci tient à le rappeler d'ailleurs, y compris dans le malheur. Le premier diplomate français accourt à chaque événement dans ce pays. Son président le déclare publiquement : si la junte militaire la déleste aux groupes terroristes islamiques, les troupes françaises sauront qui livrera selon lui, le Mali à ces bandits des grands chemins. Dépit amoureux, diriez-vous. Soit. Par ailleurs, la banqueroute économique n'est visiblement pas le premier des soucis des amis de circonstances qui pourraient tirer d'affaires cette région du Sahel. Quoi de plus noble que de s'engager dans de grands projets salvateurs pour les populations maliennes en lutte pour la survie dans des conditions de dénuement extrêmes. Pourquoi s'étonne-t-on que la faim, la sécheresse endémique chassent les populations africaines de leurs terres à la recherche d'un autre refuge sous des cieux plus cléments. Bamako, Gao, Kidal, Arlit, Mopti, il faut imaginer ces minuscules îlots de vie encerclés par les sables dont l'avancée est inexorable. Pourtant, il fut un temps où ils furent des centres nourriciers, leur prestige rayonnait à des milliers de kilomètres à la ronde. Les caravanes d'or, de sel et d'autres produits essentiels imprimaient à toute la région un vigoureux dynamisme commercial. Que reste-t-il des riches commerçants bedonnants du prospère empire Songhaï, phare du continent noir ? Qu'en reste-t-il aujourd'hui depuis son effondrement suite à l'agression marocaine de 1591 où l'Askia Mohamed est tué à la tête de ses troupes dans la bataille de Tondibi. C'est alors la curée : pillage et saccage à grande échelle par l'envahisseur. Osons le parallèle avec la grande Grèce antique, désertée dans la période antique par les trois quarts de sa population, un pays qui n'est plus que débris maintenant, à la merci de subsides de la Deutsche-Bank. De l'antique empire Songhaï, éclaté en plusieurs pays, émigreront les Ngolo Kanté, Sissoko, Traoré, Coulibaly, Anelka, Keïta, Drogba, Diallo, Sakho, Cissé et bien d'autres qui font le bonheur de la vieille Europe... Attention aux migrants ! B. T. [email protected]