L'arène des fauves, là on ne se fait pas de cadeaux. Question de vie ou de mort. Entre riches et pauvres, le fossé s'élargit chaque fois un peu plus sous le regard résigné des milliards de ventres criant famine. Les deux hémisphères, le nord et le sud, restent toujours éloignés l'un de l'autre. La course au bonheur matériel et à l'accumulation des richesses laisse sur le carreau des peuples aux abois, des contrées entières dans la déshérence et le dénuement. Un temps, l'on a cru arrivée la fin des inégalités entre nations, entre peuples. L'optimisme de mise y trouvait sa justification. Des promesses, en veux-tu en voilà ! Sauf que c'était nous les pauvres qui voulions nous convaincre de lendemains meilleurs, de justice. Une fois débarrassé du lourd fardeau séculaire de la domination et l'exploitation coloniales, l'horizon semblait enfin éclairci sous l'éclat d'un soleil radieux. Tous unis pour la même cause, celle de l'émancipation humaine, jamais la solidarité n'a réuni autant de peuples aussi différents les uns des autres : Noirs, Arabes, Latinos, Asiatiques, voire le quart-monde européen. Une date charnière : l'embargo historique sur le pétrole de 1973, qui a fait tanguer l'Occident et ses multinationales. Dans la lancée, le réveil des pays du Tiers-Monde allait trouver une tribune privilégiée et ils y exprimeront leur désarroi et leur ras-le-bol, face aux vicissitudes des conditions de vie de plus en plus dégradantes, insupportables. Beaucoup de vérités vont être dites entre les riches et les pauvres. C'était lors de la session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU en avril 1974, il y a près de cinquante ans. L'Autrichien Kurt Waldheim, secrétaire général de l'organisation, cédera la présidence des travaux à Abdelaziz Bouteflika. Quatre faits majeurs vont marquer l'histoire de l'organisation onusienne post-Seconde guerre mondiale. Le discours de feu Houari Boumediène, en tant que Président en exercice des pays non-alignés. L'occasion, pour le Président algérien de lancer la revendication d'un Nouvel ordre économique mondial plus juste, thème qui dominera depuis les débats, durant deux décennies. En vain, cependant ! Yasser Arafat, en tenue kaki à la tribune de l'institution mondiale, brandira le fameux rameau d'olivier. Les Palestiniens souffrent toujours. Un acquis toutefois, ce moment historique spectaculaire : l'expulsion de la délégation sud-africaine et sa suspension de toutes les instances onusiennes pour cause d'apartheid. C'est l'euphorie pour les tiers-mondistes et leurs sympathisants de la gauche européenne. Pour quels résultats ? Pas question de céder à la revendication de transfert technologique. Et puis quoi encore, leur rétorque-t-on en Occident. La coopération sud-sud prônée s'avérera sans réels effets. Aujourd'hui, l'état des lieux n'est guère réjouissant ; le capitalisme mondial ne veut pas en démordre. Bien au contraire, il se restructure, s'adapte. L'ordre politique censé régir les affaires du monde est mis à mal par les puissants. C'est le retour à la case-départ. Le Sahel n'en finit pas d'enterrer ses morts. De même Ghaza, en Palestine. Le Tiers-Monde, qui a osé relever le front, est mis au pas. C'est l'ordre des maîtres de ce monde! Les richesses naturelles des sols et sous-sols n'appartiennent plus à leurs détenteurs légitimes – comme par le passé. Le Venezuela ne peut plus vendre son pétrole pour avoir chassé les compagnies américaines. Le voilà donc réduit à proposer son pétrole contre le vaccin Covid-19 ! L'Iran, aussi, voit ses réserves convoitées et l'on agite le danger nucléaire pour l'affaiblir et s'en emparer. En aucun cas, il ne faut que ce Tiers-Monde-là relève la tête. Et à propos de têtes bien pleines de matière grise, de vastes réseaux les captent, les détournent, leur offrant de meilleures conditions de vie. Pour les autres, c'est l'exode sans fin... B. T. [email protected]