La fermeture des frontières en raison de la pandémie de la Covid-19 a permis aux agriculteurs de ne plus recourir aux saisonniers étrangers. La main-d'œuvre nationale victime de la crise sanitaire, est venue à la rescousse du secteur de l'agriculture durant les saisons des récoltes. Même le ministère de la Justice compte apporter sa contribution à travers un accord signé avec le ministère de l'Agriculture. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le secteur de l'agriculture souffre depuis quelques années d'une pénurie de main-d'œuvre nationale. Un manque qui se répercute souvent sur les rendements agricoles. Peinant à trouver des saisonniers locaux, les agriculteurs recourent, pour la récolte de leurs productions, aux saisonniers étrangers, notamment des Marocains et des Subsahariens. Mais, la fermeture des frontières liée à la pandémie de la Covid-19 a empêché depuis plusieurs mois, la venue de cette main-d'œuvre étrangère. À quelque chose, malheur est bon. Des membres des Chambres d'agriculture de plusieurs wilayas assurent que depuis l'avènement de la crise sanitaire, les fellahs n'ont plus eu à solliciter les saisonniers étrangers. Selon eux, plusieurs paramètres ont permis cette année, de ne pas recourir à ces saisonniers venus d'ailleurs. Ils citent d'abord la baisse de la ressource hydrique pour l'irrigation des récoltes, qui a engendré la baisse des surfaces cultivées pour certaines cultures. «Ce recul ne signifie point que les agriculteurs n'ont pas travaillé mais par manque d'eau, ils ont été contraints de diminuer la cadence de leurs activités», soulignent-ils. Ils affirment en outre, que le secteur de l'agriculture est actuellement le «numéro un» en matière de main-d'œuvre, particulièrement durant la période des récoltes des productions agricoles. Et d'expliquer que leur secteur a absorbé la main-d'œuvre nationale victime de la pandémie, suite à la fermeture des unités de production et au ralentissement des activités des secteurs du bâtiment et des travaux publics. «C'est cette main-d'œuvre locale qui assure aujourd'hui, la récolte de la pomme de terre, de la tomate destinée à la transformation industrielle, la campagne de moisson-battage, le ramassage des bottes de foin, l'arrosage de l'arboriculture, et la récolte des fruits saisonniers», précise-t-on. Aujourd'hui, même le secteur de la justice vole au secours de celui de l'agriculture. Un accord-cadre a été signé entre les deux départements le 9 juin dernier, pour définir les modalités de formation et d'emploi de la main-d'œuvre carcérale dans l'agriculture et la sylviculture. «Cet accord va permettre d'augmenter les possibilités et les opportunités de réinsertion des détenus à travers leur accompagnement, soutien et contribution aux boisements, aux parcours pastoraux, aux pépinières et à l'entretien des forêts», détaille le communiqué du ministère de la Justice. Et de rappeler que le secteur pénitentiaire compte 26 exploitations agricoles, dont 12 établissements en milieu ouvert et 14 ateliers agricoles jouxtant les établissements pénitentiaires. Réparties sur plus de 400 hectares à travers le territoire national, ces exploitations, qui emploient plus de 500 détenus, comptent plus de 90 000 arbres fruitiers de différentes espèces, des cultures protégées sous serre, des pépinières de production de fleurs et de plantes ornementales, de l'apiculture, de l'aviculture, de l'élevage du bétail et de l'aquaculture. Ry. N.