Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes ce samedi matin à 8h, pour accueillir les électeurs et les électrices, appelés à élire leurs représentants à l'Assemblée populaire nationale (APN) pour les cinq prochaines années. Et comme il est de coutume, les opérations de vote se sont déroulées dans de bonnes conditions, mais sans enthousiasme au vu de l'importance du taux d'abstention. Ceci a été observé hier, sur la côte Est de la capitale. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Au niveau des localités visitées, et pour un jour férié, la population algéroise n'est pas matinale. Aux premières heures de la journée, Alger paraît comme une ville inerte. À partir de 9h, les premiers votants commencent à gagner les centres. Mais leur nombre est très insignifiant. À Hussein -Dey, école Djebel-Dira, la cheffe de centre de vote témoigne de l'arrivée de deux personnes âgées seulement. En notre présence vers 10h 30, le centre n'accueille pas grand monde. «Nous avons 7 000 inscrits répartis sur 15 bureaux de vote, 8 pour les hommes et 7 pour les femmes», détaille-t-elle. Jusqu'à présent, nous avons reçu près d'une cinquantaine, explique-t-elle, arguant que c'est vers la fin de la journée que les Algérois décident, traditionnellement, d'aller voter. Non loin de l'école Djebel-Dira, devant un café, les premiers arrivés sirotent leurs tasses debout sur le trottoir. Questionné, l'un d'eux réplique que «nous ne sommes pas heureux», et «nous restons fidèles au serment du Hirak populaire du 22 février qui exige le changement ». « En appelant, avec insistance, à une participation massive pour la désignation de nouveaux députés, on veut nous faire croire que la démarche amorcera le vrai changement », enchaîne un autre dans le même quartier de Hussein-Dey. Sur notre chemin vers la côte Est d'Alger, en passant par les quartiers d'El-Harrach, le décor donne à voir des centres de vote pratiquement vides durant toute la matinée, puisqu'il est midi passé. Les informations recueillies à l'intérieur du centre de vote de l'école primaire Aïssat-Idir témoignent que les élections anticipées pour le renouvellement de la Chambre basse n'ont pas drainé des foules d'électeurs. Néanmoins, le chef de centre prévoit l'arrivée des votants avant la fermeture des bureaux de vote, mais il avoue ne pas s'attendre à une grande foule. Il a eu à faire partie du staff d'encadrement de plusieurs scrutins, et il semble convaincu. « Généralement, c'est la gent féminine qui arrive en nombre entre 15h et 17h », avance-t-il. La seule dame votante que nous avons rencontrée affirme nourrir beaucoup d'espoir sur la candidate qu'elle a choisie. « Il faut passer le flambeau à la jeunesse, car c'est elle la locomotive», poursuit-elle. Saïd, un père de famille que nous avons approché devant un bureau de tabac, a bien l'intention d'aller voter. «J'ai bien l'intention de voter, mais là, je suis occupé. Mais quand même je vais le faire cet après-midi», lâche-t-il sans hésiter. Contrairement à lui, un jeune, la trentaine, agent de liaison au bureau de vote l'école Ben-Naâmane à Bab Ezzouar, un centre qui dispose de toutes les commodités d'hygiène et de prévention contre la Covid-19, nous dit qu'il n'est pas convaincu. « Ils ont dit qu'il y a le vote pour une vie meilleure, mais je n'y crois pas », affirme-t-il sûr de lui. Sur les mêmes lieux, un homme d'environ 55 ans est venu voter, accompagné de ses deux enfants. «J'ai voté pour le principe», déclare-t-il. Dans le même centre où toutes les mesures de respect des règles sanitaires n'ont pas été négligées, un recensement réalisé à 13h 30 indique que 87 personnes ont voté depuis le début de la matinée sur un total de 3160 inscrits. «Ça va sûrement s'animer en fin d'après-midi », avance le chef de centre, arguant que « c'est toujours comme ça que la décision d'aller voter est prise ». Plus loin, à Bordj-el-Kiffan, sous un soleil de plomb, les bureaux de vote de l'école primaire Mohamed-Douzi sont déserts. Là, le chef de centre, un habitué des élections, est affirmatif. « Les électeurs privilégient les heures qui succèdent à la prière d'el asr et la sieste », affirme-t-il, tout en ajoutant que les citoyens arrivent en famille pour accomplir l'acte de vote. «Nous avons 12 bureaux de vote mixtes, et pour l'heure, nous avons enregistré 96 votants », indique Madjid, le chef du centre. Parmi les rares électeurs, Samir, un jeune qui vient d'accomplir son acte de vote, avoue : «Pour moi, c'est important de voter, quelle que soit l'opinion. L'essentiel, c'est de glisser le bulletin dans l'urne, quitte à voter blanc.» Enfin, il est 16h 30 à Bordj-el-Bahri et les hypothèses recueillies la matinée auprès des chefs de centres visités semblent se confirmer. Le centre de vote de l'école primaire Taleb-Abderrahmane présente une animation particulière. De loin, on aperçoit des électeurs se croiser au niveau du portail principal. Là, des agents de sécurité en civil qu'on pouvait reconnaître à leur brassard veillent au mouvement des alentours du centre de vote dans une atmosphère détendue. Rien de particulier n'est à signaler, sauf que les allées et venues sont perceptibles. « Nous avons enregistré 994 votants pour environ 2 900 inscrits répartis sur 10 bureaux», nous informe aimablement le chef de centre. « La tendance est à la hausse, poursuit-il, jusqu'aux derniers moments d'avant la fermeture des bureaux de vote ». Près d'une heure après dans le même centre, les femmes continuent d'affluer en nombre. « C'est la tradition qui le veut ici », nous signifie-t-on. « Mais il y a quand même pas mal de citoyens qui ont voté, et pas essentiellement des personnes âgées», résume le chef de centre. Une dame, au sortir du bureau de vote, de par le choix du candidat, espère par-dessus tout un logement et un travail pour ses deux enfants. «C'est ce que tous les Algériens souhaitent », lance-t-elle sans ambages. Non loin, Seïf, un jeune du quartier qui traverse Alger-Plage, debout devant un salon de coiffure qui fait face au centre de vote, est catégorique : « Je n'accorde aucun crédit à ce scrutin. Je ne crois plus ni en ce pouvoir ni même au Hirak », témoigne-t-il sans détour. A. B.