Invité de la Chaîne 3 de la Radio nationale hier, le P-dg du groupe Sonelgaz, Chaher Boulekhras, est revenu sur sa récente visite en Libye et évoqué la stratégie du déploiement du groupe à l'international. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Jeudi dernier, une délégation de Sonelgaz conduite par son P-DG s'est rendue à Tripoli (Libye) pour examiner les moyens d'approvisionner ce pays, frappé par une grande crise de manque d'électricité, en énergie électrique durant l'été 2021. Lors de son passage sur les ondes de la Chaîne 3, le P-dg de Sonelgaz, Chaher Boulekhras, est revenu sur cette visite, évoquant l'ambitieux plan du groupe pour son déploiement à l'international, notamment dans le continent africain. Pour lui, la machine de ce déploiement est lancée, expliquant que le contrat d'investissement en Libye concrétise la vision stratégique globale du pays et consolide la vision stratégique de Sonelgaz à l'international. « Il s'agit d'une concrétisation opérationnelle des recommandations du dernier forum algéro-libyen tenu le 29 mai dernier. Cela consolide également l'accord de partenariat entre Sonelgaz et la Compagnie générale de l'électricité de Libye (Gecol) signé en décembre 2020. Nous avons mis les premiers jalons de la coopération entre les deux pays et les deux entreprises du secteur», a-t-il détaillé. Pour faire face à la crise, la Gecol a tracé un programme d'urgence visant à répondre aux besoins immédiats en électricité, sollicitant Sonelgaz pour un approvisionnement en énergie électrique. Lors de la visite, les deux parties ont convenu d'un projet de raccordement électrique direct entre l'Algérie et la Libye. Hier donc à la Chaîne 3, le P-dg de Sonatrach a annoncé un projet d'interconnexion entre le réseau électrique algérien de Hassi Messaoud avec celui de la Libye à travers Ghedames, précisant que ce projet se met en place graduellement et s'étalera sur trois ans. «Nous avons aujourd'hui des connexions avec les pays voisins, Tunisie et Maroc. Et on vient de prendre la décision de connecter l'Algérie avec la Libye à travers Ghedames. Ce projet important permettra non seulement des échanges en matière énergétique avec la Libye mais aussi consolide la vision d'aller vers des interconnexions avec les pays du Maghreb, de l'Afrique du Nord, vers l'Afrique subsaharienne et vers la Méditerranée. Et vers des pays arabes également», a-t-il déclaré. L'invité de la Chaîne 3 a souligné que ce projet d'interconnexion est un engagement ferme de Sonelgaz de renforcer la flotte de l'entreprise d'électricité libyenne de plus de 250 mW à partir de juillet. «Une trentaine d'Algériens sont mobilisés en Libye», a-t-il dit, évoquant le transfert de l'expérience vers ce pays voisin. Selon Chaher Boulekhras, partir à l'international constitue un axe stratégique du plan de Sonelgaz à l'horizon 2053 qui est déjà opérationnel. Il a annoncé que le groupe algérien est déjà présent dans 9 pays africains, en termes de formation. «Nous sommes en contact permanent avec certains pays qui présentent du potentiel», a-t-il précisé, soulignant que 640 millions d'Africains n'ont pas encore accès à l'électricité. Et de plaider pour une vision structurée et ciblée. «Nous sommes en train de préparer la feuille de route sur l'international. Mais, en attendant, nous ne voulons pas passer à côté de certaines opportunités qui peuvent s'offrir dans l'immédiat», a-t-il dit, affirmant que le Mali figure parmi les cibles du groupe. Concernant le marché local, l'orateur a indiqué que l'objectif du groupe est de se renforcer en équipements, en services et en production pour aller vers l'exportation. L'amélioration du service public figure, en effet, parmi les axes de la stratégie à l'horizon 2035. Reconnaissant des insuffisances en matière de qualité de service, l'orateur a soutenu que Sonelgaz travaille pour améliorer la situation. Ne voulant pas induire les Algériens en erreur sur les coupures électriques, il a indiqué que le groupe œuvre pour qu'il y ait le minimum de désagréments, insistant sur la nécessité de réactivité et de réparation rapide des pannes. Evoquant la situation financière du groupe, il l'a qualifiée de «contraignante» en raison, a-t-il expliqué, des créances qui ont explosé à cause de la Covid-19 qui ont atteint 149 milliards de dinars et des tarifs soutenus par l'Etat et qui n'ont pas évolué depuis 15 ans. Comme ultime recours pour recouvrer les créances, le P-dg de Sonelgaz menace de recourir aux coupures. K. A.
