Hier, dans ce même espace, il était question de l'UGTA et de son long silence alors que la situation socioéconomique inquiète de plus en plus. Mais dans le texte en question, il s'agissait surtout de souligner l'embourbement politique de ce syndicat plus disposé à satisfaire les injonctions de l'exécutif qu'à rester dans sa vraie vocation : l'amélioration des conditions de vie et la promotion professionnelle dans le monde du travail. Le pays n'était déjà pas un exemple de réussite en matière de développement économique et de niveau de vie chez les salariés. Il y avait donc beaucoup à faire avant, on imagine ce qu'il en est après le passage de la pandémie. Enfin, le passage, appelons-le ainsi pour conjurer le sort, parce que c'est loin d'être terminé. Ce n'est surtout pas la fin pour les terribles impacts sur une économie déliquescente d'un tsunami qui a ébranlé, sinon terrassé les économies les plus solidement assises du monde. Etrangement, il n'y a pas que... l'UGTA qui est muette sur la question. À la limite, on peut toujours se consoler en considérant qu'il n'y a pas grand monde à attendre quoi que ce soit de ce côté-là. Mais un gouvernement qui fait semblant de croire, ou plus grave encore... croit que tout se passe bien dans le meilleur des mondes, ce n'est pas fait pour rassurer la communauté nationale. L'Algérie n'avait pas non plus la réputation d'un pays qui se tue à la tâche en temps normal. Il faut alors faire un point de situation pour savoir jusqu'où on a pu aller dans une conjoncture pandémique qui plus est ne donne pas l'impression d'être un «passage des braves», pour reprendre la fameuse formule de la littérature arabe. S'agissant du point de situation, il se peut même qu'on ait déjà une idée avant même de prendre connaissance d'un bilan précis. On a eu à constater de visu que là où il fallait réduire le temps, la fréquence et le nombre, on a fait plus facile en... arrêtant tout. Là où il est question de travail à distance, il a souvent été question d'absence consentie et là où on pouvait recourir au chômage technique, on a carrément licencié ! Et tout ça s'est déroulé «normalement», à un moment où il fallait à la fois s'inquiéter du sort des entreprises, particulièrement les PME, et faire preuve de solidarité sociale avec les Algériens les plus faibles. Non seulement, on n'a pas fait grand-chose en la matière mais on a évité d'en parler, comme s'il suffisait de cacher un problème pour le solutionner. C'est pour cela, que les chiffres, «sans complaisance», selon notre ami Azedine Maktour, sont très importants. On en retiendra quelques-uns qui peuvent tout livrer de la situation : la majorité des entreprises ont perdu une moyenne de 50% de leur chiffre d'affaires en 2020. Dans le cas précis, les entreprises de transport de marchandises ont atteint le chiffre effarant de 90% ! Par ailleurs, 63% des entreprises ont connu un arrêt complet de leur activité... Et puis les deux chiffres les plus inquiétants : 79% des opérateurs économiques sont pessimistes quant à leur avenir et 43% des entreprises sont menacées de faillite ! S. L.