Sous nos yeux incrédules, le XXIe siècle nous gave de désillusions quant à l'avènement d'un monde meilleur. Tous les feux d'artifice qui ont illuminé, en cette fin de siècle, le ciel d'une planète mise à rude épreuve par tant de guerres, de cataclysmes naturels, n'ont pas fait oublier les terribles questionnements sur le futur, les inquiétudes accentuées. La reconfiguration des espaces vitaux par les puissances de toujours n'a pas réglé la question des hégémonismes. Au contraire, la peur d'un troisième conflit mondial pousse les plus sceptiques à se rendre à l'évidence. Tout peut basculer d'un jour à l'autre. Malheur aux plus faibles. Les pays fragilisés par un sous-développement endémique s'exposent, malgré eux, aux chocs destructeurs. La pauvreté pousse à la famine, laquelle paralyse toute velléité de construire des perspectives salvatrices. Les pauvres resteront pauvres pour toujours et les puissants de ce monde toujours aussi puissants. Aux guerres coloniales ont succédé les interventionnismes encore plus violents, soutenus par des complexes militaro-industriels férus de technologie de pointe, proche de la science-fiction, lesquels, surtout, ne s'accommodent pas des situations de paix. Des laboratoires bien-pensants échafaudent toute sorte de scénarios avec cette idée centrale qu'il faut allumer le feu là où c'est possible, lorsque les groupements d'intérêts l'exigent. Des chefs d'Etat ou de gouvernement fréquentables et courtisés passent à la trappe sans espoir de salut. Les citer tous revient à tenir une comptabilité macabre, un viol de l'esprit humain et les valeurs qu'il a érigées à travers des temps immémoriaux. Sinon comment expliquer le recours aux assassinats – en toute impunité ? Dans ce que des spécialistes considèrent comme conflit limité avec leurs dommages collatéraux, l'être humain est quantité négligeable et même méprisable. C'est terrible que l'on nous cache les suites des bombes high-tech larguées sur Baghdad lors des bombardements aériens américains. Impossible de leur opposer une quelconque parade. Des bébés naissent avec des malformations insoutenables, quand l'un a des yeux exorbités, pas de bras, sans jambes, la tête difforme atteint d'encéphalite. Bref, des enfants qui n'ont rien d'humain, plongeant les pauvres parents dans un infini désespoir. Que dire alors des Palestiniens de Ghaza ? Pour autant, les hommes de bonne volonté, s'ils ne baissent pas les bras, avouent leur désarroi, leur impuissance. Débarrassés du legs colonial ou d'une dictature abjecte, à la solde de multinationales, les pays qui aspiraient à jouir de leur souveraineté sont obligés de faire front bas et rentrer dans les rangs manu militari. Le Venezuela est un cas d'espèce. Harcelé, soumis à un blocus synonyme de mort à petit feu, il n'émeut plus, ou presque, plus personne. Le monde unipolaire post-guerre froide impose ses lois injustes, vident de leur contenu toutes les lois d'après la Seconde Guerre mondiale, parce qu'elles sont devenues désuètes compte tenu de la redistribution des cartes à l'échelle internationale. Le Tiers-Monde se faisait fort de ne pas s'interposer dans des confrontations politico-idéologiques où il avait plus à perdre qu'à en tirer des dividendes. La doctrine du non-alignement semblait la réponse idoine. L'effondrement du bloc socialiste l'emportera dans son sillage. Aucune autre alternative que la soumission. Les provocations continuelles de la Russie, la montée en puissance de la Chine populaire, les velléités nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord, n'offrent pas les garanties de protection d'avant la chute du mur de Berlin. C'est un monde multipolaire en pleine restructuration dans lequel nous sommes. Que sera demain ? Danger signalé. B. T. [email protected]