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Douleurs et désinvolture par une nuit de confinement
REPORTAGE
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 07 - 2021

Alger 26 juillet. La nuit s'est installée plus tôt ce maudit lundi où le pays enregistre l'un des plus forts taux de contaminations depuis le début de la pandémie. Des nuages bas et sombres enveloppent la ville, les petites averses qui s'en échappent ne suffisent pas à laver la cité des couches de poussières qui s'accumulent depuis de longues semaines, mais son contact avec la terre sèche dégage une odeur qui noie rapidement celle du chlore vaporisée un peu partout par les équipes de désinfection.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - À l'est d'Alger, même les quartiers à forte concentration humaine se sont vidés. À deux heures du couvre-feu, l'animation a déjà fortement diminué. La pluie ? La chaleur étouffante qui succède aux gouttes de pluie ou tout simplement la peur ? Les scènes qui se déroulent ce soir dans les cités qui peuplent le cœur des Bananiers apportent la réponse ce soir. Un cri strident déchire la cité Zerhouni-Mokhtar, un hurlement, un seul sorti du plus profond d'un être déchiré par la douleur provoque l'effroi et fait battre plus fort tous les cœurs. Il émane des tréfonds d'une jeune fille qui vient d'être informée du décès de sa mère, une sexagénaire emportée par le virus. Plus bas, à la sortie du quartier, un autre drame du même genre est survenu, un homme, un père de famille, n'a pas résisté au mal. « Il refusait catégoriquement l'idée de se rendre à l'hôpital, il suivait à la maison le traitement que lui avait donné son médecin, il a résisté une dizaine de jours et semblait même aller mieux, mais son état s'est détérioré, les perfusions n'ont rien donné, il ne dormait plus, ne mangeait plus, il était très agité, puis son cœur a lâché », raconte son fils en hoquetant.
La douleur transforme son visage, déforme ses traits, d'un coup de coude, il brise une vitre de l'immeuble, se saisit d'un morceau de verre et tente de suicider. Son torse nu est lacéré, des voisins le maîtrisent, l'immobilisent, il s'affale sur le sol et sanglote encore plus fort. La levée des corps se fait près de deux heures plus tard. La jeune fille qui vient de perdre sa mère suit à bord de son véhicule le fourgon qui transporte la dépouille, le visage en feu, les yeux embrouillés, elle crie son nom...
Les voisins sont sous le choc, il n'y a pas de veillée funèbre, tous décident de procéder à une grande désinfection de l'immeuble, l'eau manque cruellement mais chacun y met de sa réserve. Bizarrement, aucun des hommes ou des femmes qui nettoient les lieux ne porte de masque. Les hommes posent leur verre de café sur les rebords d'une fenêtre, les gobelets sont identiques... Il est bientôt 20h, la première nuit de confinement s'installe dans une ambiance lugubre. Elle est aussi et surtout faite de paradoxes. Les quartiers qui s'étaient vidés s'emplissent peu à peu de jeunes qui prennent place aux portes des immeubles. Pas de masques une fois de plus. Ils sont assis côte à côte sur de petits escaliers et discutent souvent de la « nécessité d'être contaminés pour être immunisés durant un certain temps ». L'idée folle est débattue avec le plus grand sérieux. La Covid n'est plus taboue, le virus s'est imposé envers et contre tous. Un jeune homme avoue que son père décédé au mois de juin dernier avait été emporté par le virus, sa mère et ses frères soutenaient pourtant à cette époque qu'il avait été victime d'un AVC.
À la recherche de fraîcheur, des pères sortent leurs enfants et les laissent courir à l'entrée des habitations. Des bambins s'accrochent aux portes closes des aires de jeux qui resteront fermées durant quinze jours. Un enfant d'environ cinq ans appelle de la fenêtre son père qui prend le frais devant la porte de l'immeuble. Il réclame sa glace quotidienne, celle du soir, et refuse de croire que tous les magasins sont fermés.
Le père est forcé de l'emmener voir par lui-même. Nouveaux cris, nouvelle crise de larmes. Les patrouilles de police semblent faire dans la souplesse ce soir, histoire de laisser le confinement s'installer de manière progressive en ces temps caniculaires.
Le sommeil ne vient pas. À El-Biar, des parties de dominos et des jeux d'échecs se mènent jusqu'à l'aube dans les cages d'escalier et derrière les rideaux baissés de certains magasins. Des commerçants n'hésitent pas à aller chercher des boîtes de glace ou des boissons fraîches aux voisins qui en demandent. Plusieurs d'entre eux ont pris les devants en transportant chez eux les denrées les plus réclamées la nuit. L'idée est venue de l'expérience faite durant le confinementdécrété l'an dernier à la même époque. Beaucoup avaient même placé des tables à l'intérieur des immeubles pour continuer à vendre durant les heures de confinement. Chacun y avait trouvé son compte. Cette année, la pandémie a induit une situation beaucoup plus grave, les anciens critiquent ce procédé et interpellent les jeunes assis dans les escaliers. Le confinement est bienvenu, il était réclamé par beaucoup. Les plus vieux expliquent ce qu'est le « Delta, la vitesse de sa propagation, ses effets ». Il y a des décès là également, des contaminés, beaucoup de contaminés. La page Facebook réservée à El-Biar regorge de mauvaises nouvelles. Comme partout ailleurs, les photos des figures connues des quartiers, de noms d'anciens «enfants» décédés ou ceux qui luttent contre la mort s'affichent sans arrêt.
Il est 23h. Des fenêtres ouvertes s'échappe le son des téléviseurs, les Algériens suivent de près les événements qui se déroulent en Tunisie, le temps d'oublier le drame de l'oxygène, les images terribles qui circulent sur les réseaux sociaux, les mises en garde répétées des médecins, la peur... La jeune fille qui avait tenu à suivre la dépouille de sa mère rentre à la maison. Elle pleure sa mère seule avec son frère contaminé.
A. C.


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