Lorsque l'on perd quelqu'un qui nous est cher, on se sait inconsolable même si, avec ce qui se passe autour de nous, on comprend vite que l'on n'est pas seul dans la tourmente. D'autres familles vivent leur deuil en silence et même, plus souvent qu'on le pense, dans un dénuement qui n'a pas son égal. On tente, en s'ouvrant aux autres et en s'engageant dans l'entraide qui s'organise par quartiers ou par villages, d'oublier son propre désarroi. Il y a quelques jours, en quittant le cimetière où a été enterrée ma nièce, disparue récemment, j'ai croisé les filles d'un ami perdu de vue depuis plus de 30 ans. En même temps j'apprenais que c'était sur sa tombe qu'elles étaient venues se recueillir. Il était décédé une semaine auparavant, impuissant à lutter contre le maudit Covid. Avant même que nous ayons l'opportunité de nous revoir. Nous avons quitté ce cimetière des regrets plein la tête et le cœur pour aller ailleurs, nous recueillir sur les tombes de nos parents. Un rituel auquel nous sacrifions régulièrement pour aller raconter, à nos chers disparus, en quoi la vie n'est pas rose et combien elle se complique pour nous en ces jours qui filent chargés d'incertitude et de tristesse. En marchant, nous avons constaté que nous ne parlions que de feux, de Covid-19, de morts, de coupures d'eau et de ceux qui ne se feront pas vacciner pour ne pas perdre leur virilité ! Comme si l'Algérie était victime d'une sévère malédiction, les feux ont ravi la vedette à la pandémie. Pas de répit et pas de moyens miraculeux pour venir à bout des méchants maux qui frappent l'Algérie. En parlant des feux qui ravagent plein de régions du pays et tandis que les uns faisaient le décompte de ces derniers à travers le territoire, je me suis souvenu avoir lu la veille qu'à In Salah, une palmeraie avait été la proie des flammes. 900 palmiers ont été réduits en cendres, des pompiers étaient intervenus durant des heures pour éteindre le feu, mais la situation, ailleurs, était tellement plus grave que le sinistre en question avait à peine été abordé. Sans doute parce que, lorsqu'il est question du Sud, le Nord en débat du bout des lèvres. M. B.