Elles ne réagissent que quand elles sont prises de court ! Seulement voilà, quand on fait dans la précipitation, on fait généralement les choses de travers ! Si elles ne sont pas obligées de réagir, les entreprises se mettent en retrait et, sans jamais culpabiliser, abandonnent leur mission à la capacité des citoyens de se substituer à elles. Dans l'urgence, les Algériens, habitués à se mesurer aux difficultés en tous genres, lorsqu'ils ne savent plus vers qui se tourner, s'organisent par quartiers, par groupes, par associations et vont de ville en ville se secourir les uns les autres. Cette façon peu glorieuse de compter sur moins loti que soi quand il faut mettre la main au porte-monnaie a de quoi interpeller. Quand on lit qu'à droite et à gauche les gens se démènent pour s'équiper en concentrateurs, pour offrir à des hôpitaux, peu équipés et sans moyens, la possibilité de disposer de centrales qui leur produisent de l'oxygène, de générateurs, pour approvisionner les malades en antibiotiques, en anticoagulants et autres, vous vous demandez ce que l'administration investit dans l'affaire et pourquoi ce n'est pas à elle d'intervenir pour répondre aux attentes et faire taire les cris de désespoir de ceux qui ne savent plus à quel saint se vouer ? Ce qui effraie et révolte, ce sont toutes ces familles, impuissantes à résoudre le problème, qui en sont réduites à prier pour que le parent hospitalisé reçoive l'oxygène indispensable à son corps prêt à lâcher prise. Les familles sont sur les lieux et veillent sur les leurs. Elles guettent, désespérées et souvent en vain, l'arrivée de ce dernier. Je dis «souvent en vain» parce que lorsque l'oxygène est enfin livré, il est parfois trop tard. Une consœur et amie vient de perdre sa maman. Elle et d'autres familles ont longuement prié et espéré. Je lisais il y a quelques jours que des hôpitaux de la wilaya de Tipasa allaient, grâce aux dons de bienfaiteurs et d'associations caritatives, s'équiper, enfin, de centrales à oxygène. Que des établissements hospitaliers en soient réduits à attendre de la société civile qu'elle les équipe en matériel médical a de quoi faire frémir. M. B.