Pourquoi ne s'intéresse-t-on jamais aux dessous de la flambée des prix ? Parce qu'en Dézédie, les... ... dessous, la yadjouz ! Haram ! Il y a la grande planète. Sur la grande planète, ces dernières heures, ça parlait un peu partout de fluidité de la circulation autoroutière, de plans de circulation et de pollution. Il y a aussi la petite planète. Sur la petite planète, collée à la grande comme une verrue, les routes étaient bouchées. Les petites routes. Les grandes routes. Les rues des petites villes. Les rues des grandes villes. Et même les rues des villes moyennes, même si dans la petite planète la notion de ville moyenne n'existe plus, mangée, dévorée par des feux rouges rendus cannibales à force de ne servir à rien. Pourquoi la circulation était-elle bloquée dans la petite planète, un 21 septembre ? Des bouchons ? Non ! En fait, oui ! Mais les bouchons, ce n'est pas spécifique à la petite planète. Il s'en forme aussi sur la grande planète. Mais sur la petite planète, les bouchons sont d'une tout autre nature. Ils se forment aux avaloirs, aux égouts, aux bas des cités et devant les écoles. Ça tombe bien ! Ou plutôt, ça tombe mal ! Jour de rentrée scolaire ce 21 septembre sur la petite planète. Déposés le matin par leurs parents, des enfants ont dû être repris par leurs géniteurs quelques minutes plus tard. En plusieurs et nombreux endroits de la petite planète. Les pieds dans l'eau, la taille dans l'eau, et parfois même le buste et le nif. Bras et enfants levés au ciel, tout ce « beau » monde a dû circuler en sens inverse. De l'école inondée vers la maison en passe de l'être, incessamment-sous-peu. Au même moment, sur la même petite planète, des messieurs très sérieux, très très sérieux et costumés, très très costumés discutaient, au sec, de la nécessité d'alléger le cartable scolaire par le recours à la tablette numérique. Quelques journalistes présents à ce conclave ont bien tenté de demander si ces tablettes seraient étanches à l'eau, personne ne leur a répondu. Et puis, ils durent s'en aller vite, car on venait de les informer que leurs rédactions étaient elles aussi submergées par la haine et les minarets manquants dans le registre nominatif des minarets qui ne doivent jamais manquer aux 5 appels de la journée, abadan ! La petite planète mouillée en sa base tenta alors de regarder la grande planète. C'est là qu'elle se rendit compte des failles créées par les dégâts des eaux. Livide, la petite planète comprit vite qu'elle se séparait inexorablement de la grande planète. Que faire alors ? Avaler sa rage ? Les avaloirs déjà surbookés et bouchés refusèrent tout net d'avaler quoi que ce soit de plus. Chercher la réponse à cette dérive de la petite planète et à sa chute dans les tablettes numériques ? Elles n'avaient pas été encore livrées. Et ne le seraient pas avant longtemps. Le camion les transportant était bloqué au carrefour de cette histoire de fous. Et le chauffeur, au bord du burn-out, tentait désespérément de se raccrocher à la grande planète. Dépité et fatigué, les ongles et les mains en sang, il résolut de faire comme ses concitoyens de la petite planète : s'asseoir dans une flaque d'eau boueuse et fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.
