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«La pandémie nous a permis d'identifier nos défaillances» LE Pr Iaïche, chef de service d'anesthésie réanimation au CHU de Hussein-Dey, au Soir d'Algérie :
La pandémie de la Covid-19 n'est pas qu'une mauvaise expérience. Du moins, c'est ce que préfère penser le professeur Iaïche Achour Toufik, chef de service d'anesthésie réanimation au CHU Nafissa-Hamoud de Hussein-Dey, Alger. Cette pandémie, estime ce professeur, a aussi le mérite d'avoir pointé du doigt les défaillances de notre système de santé. Des défaillances qu'il faut à présent corriger, indique-t-il, pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs que lors des précédentes vagues de la pandémie. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - La pandémie de la Covid serait donc un mal pour un bien. Le chef de service d'anesthésie réanimation du CHU de Hussein-Dey préfère tirer aussi des conclusions positives de cette pandémie. « Nous ne devons pas voir seulement, à travers la Covid-19, les patients hospitalisés, les décès... Mais cette pandémie nous a aussi dévoilé les défaillances de notre système de santé, à l'exemple du manque de lits de réanimation ou d'oxygène, ce qui va nous permettre maintenant d'apporter des améliorations», a déclaré le professeur Iaïche Achour. Et ce n'est pas tout. Selon ce professeur, la pandémie a aussi permis de créer des emplois. Comment ? « C'est durant cette pandémie que nous nous sommes rendu compte que nous manquons d'appareils de respiration, de masques chirurgicaux... Et à partir de là, les gens ont commencé à travailler pour réaliser des masques et des appareils de respiration et différents dispositifs destinés à lutter contre la pandémie de Covid-19 », a déclaré le chef de service. Les chercheurs universitaires et les professionnels de santé, souligne notre interlocuteur, ont pu, pour la première fois, se réunir pour travailler ensemble, afin de trouver des solutions aux préoccupations exprimées dans les structures de santé. «Sur le plan scientifique, les universitaires n'ont jamais travaillé pour trouver des solutions de santé, mais depuis une année, nous travaillons ensemble avec les chercheurs universitaires qui essaient de trouver des solutions pour le bien être des patients hospitalisés. Au début, ils étaient volontaires, mais actuellement, il y a une loi qui encadre ce travail et les services hospitaliers ont ouvert leurs portes aux chercheurs universitaires pour pouvoir faire de la recherche, afin de nous aider à améliorer les choses», a expliqué notre interlocuteur. Selon ce dernier, les agences de normalisation n'existaient pas auparavant. Cependant, durant cette pandémie, et vu la nécessité de mettre en place un système de normalisation, Algerac a annoncé qu'elle allait s'impliquer dans le développement de la normalisation. Idem, dit-il, pour les dispositifs médicaux. « L'homologation, des dispositifs médicaux n'existait pas avant dans notre pays, et voilà que le ministère de l'Industrie pharmaceutique a décidé de soumettre à l'homologation l'ensemble des dispositifs médicaux qui sont sur le marché national », a déclaré le professeur Iaïche. Ce dernier appelle aussi à développer la coordination, née durant cette pandémie, entre les CHU et les différentes structures de santé, comme les EPH, les EPSP, les policliniques... « Cette pandémie nous a permis d'avoir, pour une fois, une coordination entre les différentes structures de santé de proximité et les grands CHU. Il faut maintenant la développer, car le citoyen ne doit pas être ballotté entre une structure et une autre», estime ce chef de service. Le professeur Iaïche, qui ne veut pas voir que du noir dans cette pandémie, souligne également que le système de santé vient de découvrir que l'oxygène industriel peut aussi être utilisé dans cette lutte contre la Covid. Est-ce que, pour autant, nos structures de santé sont équipées pour affronter la 4e vague avec sérénité ? On est, malheureusement, loin des discours rassurants du ministre de la Santé. Le problème de l'oxygène risque, malheureusement, de se poser une nouvelle fois, si la situation empire. Plusieurs hôpitaux, souligne notre interlocuteur, ne disposent pas encore de générateurs d'oxygène ni d'extracteurs. Le problème de lits de réanimation n'a pas non plus été réglé. Aucun nouveau lit de réanimation n'a été créé pendant ces deux années de pandémie. « Nous avons réussi à mobiliser des lits supplémentaires mais nous n'avons pas créé de nouveaux services de réanimation», a déclaré le chef de service d'anesthésie réanimation. « Nous avons découvert, durant cette pandémie, que l'Algérie accuse un manque énorme en lits de réanimation, au moment où l'Allemagne dispose de 28 lits de réanimation pour 100 000/habitants, la France de 12 lits pour 100 000 /h, l'Espagne de 11 lits pour 100 000/h et l'Italie de 13 lits pour 100 000/ h, l'Algérie dispose d'à peine 2 ou 3 lits pour 100 000/h », révèle le professeur qui dit interpeller «les consciences collectives pour changer les choses, autrement nous allons revivre les mêmes problèmes du passé». Ce professeur dit regretter aussi l'absence de rencontres avec les « vrais intervenants sur le terrain », pour parler des problèmes qui existent. « Les gens de l'administration sont loin de la réalité du terrain et du malade et ne peuvent rien apporter. C'est nous qui sommes en face des malades. Nous sommes les mieux informés pour parler des préoccupations et faire des propositions, mais, malheureusement, on n'a pas été associés», regrette le chef de service. S. A.