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Kiosque arabe
Photoshop, pour gommer l'autre
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 07 - 2017


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Tous les supporters algériens du club espagnol, le FC Barcelone, connaissent le blason de l'équipe de football, célèbre dans le monde entier, et qui reprend grosso modo les armoiries de la cité catalane. Ce blason, dessiné par un joueur du club en 1910, porte en haut et à gauche une croix rouge sur fond blanc, la croix de Saint-Georges, le fameux pourfendeur de dragons. Jusqu'à ce que la phobie de l'autre, de l'étranger, du non-musulman, s'empare de ce pays, d'est en ouest et du sud au nord, des jeunes et moins jeunes trouvaient normal de porter le maillot du «Barça», frappé du célèbre écusson. Puis des sentinelles postées sur les miradors de notre «mur de Berlin» ont scanné les armoiries, comme ils scannent par atavisme les tenues recouvrant les formes féminines. Consigne a donc été donnée aux contrefacteurs et fabricants d'imitations homologuées par fatwas de bannir la croix de Saint-Georges, qui heurte nos sentiments religieux. C'est ainsi que par un simple coup de gomme magique, la croix(1) a été privée de sa barre horizontale, et comme le vide aurait été trop béant, on a laissé subsister la barre verticale. Il aurait été plus simple de supprimer le blason en entier, mais comme le club est aussi une affaire juteuse pour nos marchands du temple, ils ont eu recours à ce petit artifice, générateur de grands bénéfices.
Avant que la censure politico-religieuse ne s'impose comme méthode de gestion de la culture, avec ses fruits juteux par ailleurs, on avait eu droit à des méthodes moins élaborées, pour ne pas dire ridicules. On se souvient du sifflet de l'oncle Zébulon, ce chef de caravane, héros d'une série western américaine, diffusée par la chaîne unique, et beaucoup moins bien nantie qu'aujourd'hui. Dans cette série, les pionniers de la conquête de l'Ouest interpellaient leur guide et chef par le traditionnel diminutif, composé des trois premières lettres du prénom suscité(2). Et comme dans chaque épisode, l'omniprésent guide était souvent sollicité et hélé par le petit nom phonétiquement incorrect, cela donnait des sifflements, source d'hilarité. Ainsi la morale était sauve et les rieurs pouvaient remballer leurs critiques et leurs protestations, sans essayer d'empêcher la caravane encore à sourire. Seulement, ces petits actes de censure que l'on pouvait attribuer indistinctement à la bêtise ou à l'ignorance sacrée sont devenus les grains inamovibles d'un chapelet maléfique enserrant le monde arabo-musulman. Avec le conflit syrien et en toile de fond la guerre ouverte entre le wahhabisme saoudien et le chiisme des ayatollahs iraniens, la xénophobie arabe a déployé ses ailes.
On sait que des ulémas d'Al-Azhar et des prêcheurs intégristes égyptiens ou autres s'emploient sur les chaînes satellitaires à propager la haine contre tous ceux qui ne sont pas musulmans. Ces anathèmes jamais poursuivis et encore moins punis sont dirigés spécialement contre la communauté chrétienne d'Egypte, régulièrement visée par des attentats. La semaine dernière, une revue saoudienne Sayidati(3) a franchi un nouveau palier dans la détestation et la négation de l'autre en retouchant, sans l'en aviser, la photo d'une chanteuse libanaise. Nadjwa Karam, une vedette de la chanson arabe, est maronite, comme l'indiquent clairement les nombreuses photographies sur ses albums et dans les journaux et revues. En dehors de ce signe distinctif, la chanteuse ne fait pas de prosélytisme et s'abstient de s'appesantir sur ses convictions religieuses dans un monde arabe, où seul l'Islam rigoriste a droit de cité. En dehors de cela, les autres croyants, mécréants, ou athées doivent raser les murs, marcher sans marteler le sol, et surtout s'abstenir de montrer des signes visibles de leur foi. En vertu de ce diktat, la revue Sayidati a publié une photo de la star sur laquelle la croix qu'elle portait en pendentif a été purement et simplement effacée, comme l'indique l'écrivaine Dalaa Moufti.
Le logiciel «Photoshop», prêtant la main si j'ose dire à une opération de censure religieuse, cela n'était encore jamais arrivé, semble-t-il, en dehors des «fakes» et autres «hoaxs», assaillant la toile. Devant les protestations de l'intéressée, la revue a essayé de s'en tirer avec une pirouette en prétendant qu'il s'agissait d'une initiative personnelle de l'infographe de service. En attendant, la photo originale a bel et bien été publiée sans le pendentif, comme le note Dalaa Moufti, qui se demande si le magazine féminin ne nie pas sciemment l'existence des Arabes non musulmans. «Ces Arabes sont de cette terre, ils ont contribué à sa renaissance, à travers l'histoire, alors qui es-tu toi pour biffer leur existence en appuyant simplement sur un bouton ?» lance-t-elle, s'adressant plus à la direction de la revue qu'à son employé. L'auteure, qui collabore aussi au journal électronique libanais Shaffaf, voit dans cet incident l'effet de l'intolérance religieuse. Cette attitude et la violence dont sont victimes les chrétiens dans le monde arabe, auraient-elles provoqué un sentiment de repli chez ces derniers, poussé jusqu'à la dissimulation ? s'interroge Dalaa Moufti. Et de rappeler une célèbre caricature du regretté Nadl Al-Ali, parue dans le quotidien A-Qabas, il y a quelques années. Dans ce dessin, un personnage interroge un autre en ces termes : «Es-tu musulman ou chrétien, sunnite ou chiite, druze ou alaouite, copte ou maronite ?» Et l'autre de répondre sèchement : «Arabe, espèce de bourricot !» Dalaa Moufti rappelle encore l'exil massif des chrétiens d'Orient, sous les effets des persécutions diverses, telles que meurtres et destructions des églises. Elle se demande si une autre génération d'Arabes n'a pas pris la relève des bourreaux, en effaçant l'identité chrétienne, ne serait-ce que sur les pages d'une revue.
A. H.
(1) On peut en dire autant pour le blason du Real Madrid, de Zidane, où la petite croix presque invisible surmontant la couronne royale peut être escamotée par un simple recadrage.
(2) Vous avez remarqué qu'en dépit de ma hardiesse légendaire, je n'ai pas osé transcrire ce surnom affectueux, ce qui vous montre qu'on n'agit pas toujours par respect des convenances face à une société sur le qui-vive maladif.
(3) Sayidati est une revue féminine saoudienne, éditée d'abord à Londres, avant de se transférer à Dubaï, elle se veut représentative des aspirations de toutes les femmes arabes, mais intra-muros.


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