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Rachid Boudjedra à propos de son pamphlet
Les contrebandiers de l'histoire : «J'étais révolté pour mon pays»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 11 - 2017

«J'ai décidé d'écrire ce brûlot après la réception en Algérie de Feriel Furon, arrière-petite-fille du dernier des Bengana, décédé en 1947 et qui a, toute sa vie, et avec toute sa tribu de féodaux sanguinaires, torturé, humilié, dilapidé et assassiné le peuple algérien».(1)
Un coup de gueule de l'auteur de L'escargot entêté et La répudiation qui était l'hôte de la librairie des Editions Media à Constantine, samedi après-midi, pour une séance de vente-dédicace de ses œuvres dont notamment son dernier roman La dépossession et le pamphlet intitulé Les contrebandiers de l'histoire qui était au centre de tous les échanges entre l'auteur et son large lectorat venu en masse rendre hommage à l'un des écrivains majeurs de la scène littéraire nationale qui vient de boucler un demi-siècle de créations. Une rencontre réussie en tout point de vue, fructifiée par une interversion de vues que l'écrivain ravitaillera avec bonhomie.
Rachid Boudjedra, qui ne pouvait s'empêcher de rapporter sa version, tant les sollicitations étaient incessantes après la polémique suscitée par son pamphlet Les contrebandiers de l'histoire, a, en effet, restitué les péripéties qui l'ont incité à commettre son brûlot, sachant pertinemment que celui-ci allait provoquer une levée de boucliers aussi violente autant que de vives controverses. Incisif, il démentira d'emblée toute intention d'expurger un quelconque passage de son texte après les rumeurs portant une probable convenance entre l'auteur lui-même et l'écrivain-journaliste Kamel Daoud, particulièrement ciblé dans l'écrit de Rachid Boudjedra. «Jamais, appuiera-t-il, bien au contraire, il est question d'ajout et d'enrichissement. Le pamphlet est certes violent d'où la virulence des réactions aussi bien défavorables qu'obligeantes à mon égard. Ce qui m'a frappé par contre c'est que, souvent, la presse francophone, qui s'est montrée d'une violence et d'un unanimisme inouïs, a fait montre d'une grande subjectivité. Je comprends que des gens aiment le pamphlet et que d'autres non, il appartient aux deux de s'exprimer mais ce que l'on voit relève plutôt du règlement de comptes et du parti pris et non pas de la critique objective. Je crois néanmoins que l'on assiste à un retournement de situation et une remise en cause des positions tranchées au départ, de la part de ceux-là mêmes qui m'ont agressé.» Un texte qui s'inscrit pourtant de par son genre dans le répertoire littéraire occidental, fait remarquer Rachid Boudjedra. Un ras-le-bol qui a atteint son apogée avec l'affaire Bengana alors que «je voyais déjà ce qu'écrivait Sansal qui était mon ami dès ses premiers romans que j'ai bien aimé. Nous avions de très bonnes relations amicales avant la sortie de son livre Le village de l'Allemand où il qualifie l'ALN d'armée nazie alors que l'on sait qu'elle a été nationaliste sur toute la ligne et que s'il y a eu une aide à la révolution de la part des Allemands, ce furent surtout les communistes de l'Allemagne de l'Est et non pas des nazis.
Le FLN avait une ambassade à Berlin et des accords avec le gouvernement allemand pour envoyer des militants, surtout communistes, des ingénieurs et quelques officiers notamment pour aider les moudjahidine à saboter les barrages électrifiés aux frontières est et ouest. Et en fait, lorsque l'armée nazie fut défaite en Libye à la fin de la guerre, Hitler envoyait presque des enfants au front dont quelques-uns ont fui notamment vers l'est de l'Algérie. Certains se sont carrément installés dans les Aurès, se sont mariés et même convertis à l'islam. Plusieurs d'entre eux ont aidé ou travaillé avec l'ALN dont Wilfried Muller alias Si Mustapha qui était le grand chef des Allemands qui soutenaient l'ALN et qui fut nommé secrétaire d'Etat aux Finances à l'indépendance», justifie-t-il sa prise de position vis-à-vis de l'écrivain Boualam Sansal cité aussi dans son brûlot. Et puis, «Wassila Tamzali qui raconte que son père a été abattu à Béjaïa par erreur, que le colonel Amirouche avait reconnu par un écrit que sa famille a perdu. D'abord, Béjaïa n'est pas du tout la zone de Amirouche et ceux qui ont abattu son père appartiennent bien à des cellules FLN dont l'un est un parent à moi par alliance. Sinon voyez-vous le colonel Amirouche reculer ou regretter ! Même s'il a commis quelques erreurs graves comme par exemple dans l'histoire de la Bleuite où il a été trompé, il ne s'est jamais dédit parce qu'il est comme ça, c'est un grand homme et l'un des libérateurs les plus importants du pays. J'étais révolté pour mon pays avant même cette affaire Bengana et le livre à la gloire de Sidi Bouaziz qui était un grand tortionnaire notamment des communistes de la région de Biskra dont Chebah El-Mekki qu'il fit traîner sur une vingtaine de kilomètres sans parvenir à le tuer. A partir de ce moment-là, je ne dormais plus, je ne mangeais plus, j'étais devenu malade et hanté par des cauchemars et je disais que ce n'était plus possible de se taire surtout que personne n'a réagi, notamment la presse.
Entre-temps, il y a eu cette affaire de Camus complètement fabriquée, deux versions, l'une algérienne et l'autre française, et l'échec de la caravane initiée par l'ambassade de France à l'occasion du centenaire d'Albert Camus.» Dès lors, ce pamphlet se devait de sortir «d'ailleurs, j'y ai même parlé des cinéastes dont le réalisateur de Les folles années du twist qui a fait ressortir qu'à Boufarik, les musulmans et les Français faisaient la fête pendant les années de braise de la Révolution.
Un autre film En attendant les hirondelles vient justement de sortir et relate avec une malveillance inouïe, un visage noir et complètement erroné de l'Algérie d'aujourd'hui ce qui est presque devenu quelque chose de systématique. Il n'y a pas quelqu'un qui a critiqué l'Algérie comme moi, les mœurs, les mentalités... dans mes romans, il y a le blanc, le gris et le noir, mais toujours de l'intérieur. Et en fait, moi qui suis fasciné par Frantz Fanon, j'ai retrouvé le complexe du colonisé exactement dans l'œuvre de ces gens-là. Il me semble qu'il est nécessaire de faire de la critique, de l'autocritique surtout pour avancer et progresser mais de là à nous insulter et verser dans une haine de soi qui débouche fatalement sur la haine de l'autre et, donc, une haine et un dégoût du pays, voire du monde ce qui relève presque de la schizophrénie. C'est pour cela que j'ai fait ce pamphlet mais je dis expressément que ce n'est pas pour punir ces personnes ou qu'il faille porter plainte contre elles. Je l'ai fait par amour de ma patrie et il se pourrait que j'ai eu beaucoup raison ou même beaucoup tort mais j'en suis soulagé.
Pour Kamel Daoud, j'ai dit qu'il était GIA comme n'importe quel sigle, AIS, MIA ou GSPC. Lui-même dit qu'il était dans les camps islamistes pour se former théologiquement. Je ne le crois pas car tous les camps de l'époque formaient les individus théologiquement et militairement mais j'ai bien spécifié qu'il était très jeune et quand il dit qu'il était dans les camps de vacances religieux, n'allez pas croire qu'il s'agit de clubs MED. Il dit aussi qu'il a été imam à 13 ans contre l'avis de son proviseur et reconnaît que pendant 8 ans, il fut un intégriste, je ne pense pas, par contre, qu'il a commencé vraiment à 13 ans mais bien plus tard. Je l'ai vu à plusieurs reprises et on a même veillé ensemble et il l'a dit en pleurant et nous le consolions en répétant qu'il n'y était pour rien, vu son jeune âge.» Peut-on remettre en cause le patriotisme de Kamel Daoud ? Oui, soutient Boudjedra : «Quand il déclare à la presse française que la Palestine n'est pas mon problème, que Ghaza n'est pas mon problème et titre l'un de ses articles paru dans le monde ‘'l'Arabe est sale'', il nous insulte. Dernièrement, il a répété sur un plateau TV que les enfants algériens ne parlent pas l'arabe, moi je dis que les enfants algériens parlent l'arabe et parlent tamazight et je pense qu'il le fait pour faire plaisir à ses maîtres parce qu'il y a un jeu de séduction. Pour moi, il n'est pas patriote à l'instar de Sansal qui compare l'attentat horrible de Nice, que je condamne, à l'opération du FLN au Milk-Bar en 1957.»
K. G.
(1) In Les contrebandiers de l'Histoire de Rachid Boudjedra, page 85.


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