Sport-roi en Algérie, la transhumance politique fait parler d'elle à chaque échéance électorale, que ce soit en amont ou en aval. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Et le double scrutin local du 23 novembre écoulé ayant porté sur le renouvellement des Assemblées populaires communales et celles des wilayas n'a pas dérogé à la règle. On assiste, depuis peu, à une sorte de «second tour» de ce double scrutin local avec des négociations menées et autres pressions exercées pour amener nombre d'élus locaux parmi les petits partis ou encore les indépendants, à rejoindre d'autres chapelles politiques «plus porteuses», notamment ceux du pouvoir, le FLN en premier lieu. C'est, en effet, lors de la période de confection des listes électorales que le nomadisme politique a pointé son nez, un fléau qui traduit à la fois et amplement le degré de détérioration des repères moraux, l'analphabétisme des prétendants au pouvoir local et le désintérêt citoyen à l'égard de tout ce qui sent le politique. Avec cette ruée de «militants» vers des partis autres que les leurs où ils n'ont pu s'imposer à l'effet de pouvoir se placer sur une liste électorale. Il est même des cas de «migrants politiques» «atypiques» puisque réputés, chacun dans sa localité, pour avoir fait le tour des partis avec, il est vrai, des fortunes diverses. S'il y a des candidats qui ont multiplié des échecs latents, d'autres ont, par contre, réussi la prouesse de prolonger leurs mandats électoraux, chaque fois sous une nouvelle chapelle politique quand ce n'est pas à titre d'élu indépendant. Et la flopée de ces partis saisonniers qui ne se manifestent qu'à l'approche des élections constitue autant de réceptacles pour ces «professionnels» de nomades politiques devant l'éternel puisqu'ils s'y engouffrent le temps d'une élection avant de retrouver, chacun, sa maison-mère dans l'attente d'une autre aventure, bafouant toute éthique et toute dignité que la pratique politique suppose. C'est ainsi que des candidats élus le 23 novembre dernier, soit à titre d'indépendants ou sous la chapelle de partis qui ont accepté de les parrainer, n'ont pas trop attendu pour retrouver leurs «premières amours». Des cas de nouveaux élus du parti des Avant-gardes des libertés et du Front national algérien dans quatre communes de la wilaya de Blida ont publiquement annoncé leur retour au bercail commun, le FLN. Et c'est l'argument avancé par les élus du parti que préside Moussa Touati qui laisse sans voix puisque dévoilant au grand jour l'opportunisme qui les anime. «Nous n'avons utilisé la casquette du FNA que parce que nous n'avons pu nous présenter dans notre parti que nous rejoignons ainsi une fois élus», affirment-ils, sans aucun souci quant à la portée de leur «argumentaire». Il en est de même de leurs pairs du parti que préside Ali Benflis dans la commune de Ouled Yaïch, qui ont préféré retrouver leur parti d'origine, le FLN, sous la pression, affirme un membre, de la direction nationale du parti et de l'administration locale. Ceci au moment où, à Béjaïa, de nombreux élus «indépendants» dont certains ont été portés aux affaires communales, se démarquent des partis qui ont parrainé leurs candidatures. Une manière de se défendre devant une opinion publique qui leur reproche cette migration. Et dans la commune d'Alger-Centre, dans la capitale, le ralliement du maire, qui a succédé à lui-même, le 23 novembre dernier, à titre de candidat indépendant, lui qui, en mai dernier, a quitté le MPA qu'il a rejoint venant du RND, du FLN. Il faut dire que si elle a été interdite par la nouvelle Constitution pour les membres des deux chambres du Parlement, la transhumance politique ne l'est pas pour les élus des Assemblées locales. Ce que nombre de partis n'ont cessé de suggérer lors de la période des consultations autour du projet de la révision de la Constitution de mars 2016. Ceci pour mettre fin à la corruption qui accompagne ce sport.