Par Malika Boussouf [email protected] Il est intéressant d'écouter les personnes qui, même si elles vivent hors d'Algérie, s'inquiètent parfois plus que nous qui sommes sur place, lorsque les choses se passent difficilement au pays. Le fait que les tensions prennent des tournures inquiétantes exacerbe peut-être davantage le sentiment d'impuissance difficile à contenir. Cela explique pourquoi il m'arrive souvent de privilégier les courriers qui me viennent de loin. Les croiser avec ceux que je reçois de l'intérieur du pays prend plus de sens et permet une lecture plus conséquente de ce qui se passe. En réaction aux chroniques sur la grève des médecins résidents, j'ai reçu beaucoup de courrier. Sans doute parce que, en en parlant, ce qui n'est pas faux, on a le sentiment de contribuer à la résolution de quelques-uns des problèmes qui, faute de prise en charge, prennent de l'ampleur au fil des ans. Voici une partie de message : «Je ne réside pas en Algérie, mais je viens régulièrement m'y ressourcer et mes proches me relatent les difficultés qu'ils rencontrent pour se soigner correctement. J'ai été choqué par les images de médecins tabassés et, bien que non-résident, j'ai un avis sur le secteur de la santé (certainement moins éclairé que mes compatriotes qui vivent dans le pays). La violence est partout en Algérie. Dans les villes, les campagnes, au sein de la famille, à l'école, à l'université, à l'hôpital, dans les mairies, au stade, sur nos routes et autoroutes, aux réunions syndicales, aux réunions politiques, dans les prêches, parfois dans les discours de nos dirigeants. Elle est partout ! Bien sûr, aucune société, aussi avancée soit-elle, n'est épargnée par la violence, mais chez nous, elle gangrène tous les rapports des uns aux autres, elle est multiforme, elle s'accompagne de vulgarités, d'insultes, de menaces, d'abus de pouvoir et débouche souvent sur des drames. Alors, comment s'étonner que des gardiens de la paix en uniforme tabassent de futurs médecins ?... Tristes images que ces jeunes gens aux blouses blanches tachées de sang... Nous manquons cruellement d'humanité et ceux qui nous dirigent un peu plus.» A suivre !