Quatre mois après la déclaration faite par le ministre des affaires étrangères, M. Abdelkader Messahel, selon laquelle le Maroc «fait dans le blanchiment d'argent du haschich et la Royal Air Maroc transporte autre chose que des passagers», c'est le premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui enfonce davantage le royaume alaouite, en déclarant sans pour autant le citer «que notre pays est sous des flots de hachisch et de cocaïne». Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Avant la déclaration du ministre des affaires étrangères, faite lors de son intervention devant les participants à l'université d'été du FCE, les pouvoirs publics n'ont pas officiellement établi un acte «accusateur» à l'encontre du voisin de l'ouest, quant à sa «passivité» voire à la limite sa «complicité», dans le trafic de drogue vers l'Algérie. Or, la déclaration faite samedi dernier par le secrétaire général du RND, et de surcroît premier ministre, était perçue par les observateurs comme un important «pas décisif» franchi par les hautes autorités algériennes pour pointer un doigt accusateur et responsabiliser le voisin marocain sur la question. Ainsi, lors de sa conférence de presse animée à l'issue de la réunion du conseil national de son parti, Ahmed Ouyahia, dont on évoque de plus en plus l'éventuelle candidature aux présidentielles de 2019, «dans le cas où le président de la république ne va pas briguer un cinquième mandat», n'a pas été par trente-six chemins pour lâcher une phrase d'une importance capitale. Il dira, sans toutefois citer le pays concerné, que «notre pays (l'Algérie) est sous le flot de haschisch et de cocaïne», confortant sous un autre angle les propos tenus par le ministre des affaires religieuses en octobre dernier. En sa qualité de premier ministre et haut responsable de l'Etat, M. Ahmed Ouyahia n'aurait pas fait une telle déclaration, s'il n'était pas informé de la situation qui prévaut dans le domaine de la lutte contre la criminalité, d'une manière générale et la lutte contre la drogue, d'une manière particulière. A titre de rappel, un bilan rendu public par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), élaboré sur la base des informations fournies par les services de la gendarmerie nationale, de la Sûreté nationale et des douanes algériennes, fait état de la saisie de plus de 38 tonnes de résine de cannabis en Algérie, dont 80,62% dans l'ouest du pays, durant les huit premiers mois de l'année 2017. «Au total, 38 485,9 kg de résine de cannabis ont été saisis durant les huit premiers mois de l'année écoulée dont 31 025,6 kg dans la région ouest du pays (80,62%).» Selon ce rapport, 16,6% des quantités saisies ont été enregistrées dans la région sud, 1,6% dans l'est du pays et 1,05% dans la région centre, alors que le reste provenait de l'ouest du pays. S'agissant des drogues dures, la quantité d`héroïne saisie a atteint 985,7 g durant les huit premiers mois de 2017, contre 1 366,3 g durant la même période de 2016, en baisse de 27,8%, relève le rapport.