Soit on vit, soit on meurt. L'entre-deux n'est plus possible. Aussi, il y a lieu de s'inquiéter de la rapide propagation de rougeole. Il ne s'agit plus de quelques cas isolés mais, de foyers épidémiques gagnant un peu plus le pays dit profond. Le principal responsable de cette épidémie est le trop faible taux de couverture vaccinale. Oui, le temps du vaccin naturel et obligatoire pour les nourrissons est révolu. Même celui, dit de rattrapage, pour les 10 à 12 ans a été mis en doute par des enseignants, parents d'élèves et autres "éminences grises" pour qui, l'ouverture d'esprit équivaut à une fracture du crâne… L'an dernier, ils auront sévi lors de la campagne de vaccination du ROR, Rougeole-Oreillons-Rubéole, dédié aux nourrissons de 11 mois. Echec total et cafouillage indescriptible par rapport aux recommandations de l'OMS jugées proches l'industrie pharmaceutique. Un an après, six décès sont déjà recensés. Un seul serait de trop, alors que les cas enregistrés se comptent par milliers ! 3075, selon un dernier bilan. Treize wilayas sont touchées par cette épidémie que l'on croyait éradiquée et propre aux pays sous-développés, tels l'Erythrée, le Rwanda ou le Sri Lanka. Non, avec les moyens thérapeutiques existants, on meurt à cause d'un faible taux de couverture vaccinale et, surtout, d'un manque de communication. La Pr Leïla Smati, pédiatre et membre du comité technique consultatif des vaccinations au ministère de la Santé, a précisé, mercredi dernier, que la rougeole est une maladie infectieuses infantile et qu'une personne malade peut en contaminer jusqu'à 18 autres. D'où la rapidité de sa propagation. Il ne s'agit pas là d'alarmer, mais une simple comptabilité, ô combien macabre, peut signer la cote d'alerte depuis le début de l'année. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, ce sont les wilayas du sud qui sont le plus impactées par les foyers ardents de rougeole. Là-bas, les structures de santé, leurs équipements et le nombre de personnels soignants étant ce qu'ils sont, bonjour les dégâts ! El Oued, à elle seule, enregistre plus de mille cas suivie d'Ouargla avec 797 cas. Que dire des contrées boudées par les médecins résidents ? En grève depuis quatre mois, ces médecins sont-ils conscients du fait que des trous perdus, à travers le pays profond, n'ont pas qui les prévenir, les guérir et même relever les potentiels cas de contamination ? C'est le sujet qui fâche un certain service civil, au bout duquel il y a inexorablement des vies humaines... Des vies qui, au Sud comme au Nord, dans des douars, numéros perdus dans la masse, ne peuvent assurément pas se résigner à attendre l'entre-deux : la bonne santé et la mort programmée ! S'en inquiéter, cesser de se lamenter paraît être le minimum humain, là où le droit à la vie est nulle part. Chercher à philosopher ne résoudra pas ce problème crucial. La rougeole mortelle est entre nos murs, elle se propage et faudrait qu'on s'en débarrasse, le plus tôt possible. Là est l'essentiel, le reste ne fera qu'aggraver les foyers de tension et de division qui gravitent et alimentent l'actualité de ces dernières semaines. Et, au lieu de remuer le couteau dans la plaie, notons que beaucoup de pays nous envient le fait que le coût du calendrier vaccinal ait été multiplié par 15, depuis 2016. L'objectif consistant à atteindre le taux de 95% de vaccination a pris la poudre d'escampette et, seule la moitié a reçu le fameux vaccin. On devait prévenir, aujourd'hui on est obligé de courir contre la satanée montre. Une course engagée à El Oued, Ouargla, Illizi, Ghardaïa ou Biskra. Mais, ne nous leurrons pas. A Alger, Constantine, Annaba, Oran ou Tataouine-les-bains, il y aura toujours des petits êtres humains fragiles, potentiels victimes de paraplégiques du cerveau...