Les risques de cancer liés à l'alimentation et à l'environnement ont fait l'objet hier, d'une journée nationale à la faculté des sciences de l'ingénieur de Boumerdès. Plusieurs communications ont été présentées durant cette journée, organisée à l'occasion de la Journée mondiale du cancer, par d'éminents professeurs et docteurs connus sur la scène médicale nationale, à l'exemple du Pr Kamel Bouzid, chef du service oncologie au Centre Pierre Marie Curie (CPMC) de l'hôpital Mustapha Pacha à Alger. Lors de sa communication, le Pr Bouzid a fait une liaison étroite entre l'alimentation, l'environnement et le cancer. Selon lui, le changement des habitudes alimentaire de l'être humain cause le cancer, et le plus répandu est le cancer colorectal qui touche beaucoup plus les hommes. «Il faut revenir à l'alimentation de nos ancêtres, une alimentation saine et équilibrée. Les fast-foods, les restaurants et chawarma sont la cause de plusieurs maladies cancéreuses. On assiste, impuissants, à l'émergence des cancers qui détruisent nos vies et tuent près de 20.000 Algériens chaque année», a-t-il déclaré, avant d'ajouter que le meilleur moyen est la prévention. «Les populations des villes du nord du pays sont les plus exposées aux risques alimentaires tout d'abord, et environnementaux ensuite, par la prolifération de l'utilisation des pesticides à outrance. Ces régions sont connues pour être un terrain propice aux cancers colorectal, alors qu'au Sud du pays, ceci est très rare», a-t-il affirmé, avant d'ajouter que les cancers développés dans le Sud sont liés notamment à la peau, en raison des éléments radioactifs issus des essais nucléaires français, notamment à Adrar. «J'ai une collègue qui a opéré en un an deux cas de cancer colorectal, contrairement au nombre de cas examinés dans le Nord», a-t-il déclaré, avant de s'attaquer aux charlatans qui prédisent guérir les cancers par l'urine de la chamelle. «C'est grave comme découverte ; ce n'est pas normal que les gens croient à ces futilités, en se basant sur un hadith du prophète Mohamed QSSL, qui est d'ailleurs l'un des faibles hadiths», s'est-il étonné. Le cancer touche près de 50.000 personnes chaque année, et en tue près de 20.000 autres. L'industrie agro-alimentaire peut, en outre, devenir un facteur de maladie en raison des produits chimiques entrant dans la fabrication de l'alimentation, notamment de conserves. L'environnement également constitue un autre facteur de risque pour le développement des cancers, par l'infection des terres et des cultures par les insecticides, les pesticides et les produits chimiques. Le pays figure parmi les plus grands importateurs de pesticides, et de produits chimiques entrant dans l'agriculture. Les nappes phréatiques sont touchées indirectement par l'excès de produits chimiques et pesticides administrés aux plantes ; ces produits sont automatiquement injectés dans le sol par les pluies. Donc, même l'eau est touchée, et constitue un autre haut facteur de risque de maladies cancéreuses. Seule l'agriculture de montagne est épargnée par les pesticides qui menacent même les insectes, et particulièrement les abeilles. Des apiculteurs ont, par le passé, dénoncé l'usage excessif de pesticides dans les champs d'agrumes de la région, qui font fuir et tuent dans certains cas les abeilles. Selon un agriculteur rencontré lors de la journée, seuls les oliviers, les grenadiers et les figuiers qui ne sont pas touchés par les pesticides. L'équilibre écologique est menacé. Cette journée scientifique a été organisée par le Laboratoire de Recherche en Technologie Alimentaire de la Faculté des Sciences de l'Ingénieur (FSI), l'Association Errahma d'aide aux malades cancéreux, en collaboration avec l'Association Nationale d'Eco-conception, Analyse de Cycle de Vie et Développement Durable (ANEADD) – société savante – le Centre Virtuel Algérien d'Analyse de Cycle de Vie et d'Eco-conception (CALAE) et la Direction du Commerce de la wilaya de Boumerdès.
