A l'heure où la crise politique peine à se trouver une sortie, c'est l'économie qui hante les esprits. Les entreprises publiques ou privées tournent au ralenti, et ça n'est pas le regain de tensions socio-professionnelles, avec débrayages et menaces de grève, qui arrangera leurs problèmes de trésorerie. Ajouté à cela un Ramadhan, véritable torpilleur du pouvoir d'achat, bonjour le malaise social. Déjà qu'une foultitude de salariés se plaignent de flirter avec la dèche à peine le 15 du mois arrivé, on se demande quel va être leur désarroi, quand ça virera au vinaigre du pas de salaire du tout. Les voyants sont donc au rouge, et la gangrène sociale risque de pointer du nez plus tôt que ne le pense le fleuve tranquille des «affaires courantes». Ces dernières viennent de nommer de nouvelles têtes à l'Entv, l'Anep, l'Arav et Sonelgaz. Pour des raisons tenues secrètes pour l'instant, ces nouvelles nominations n'auront sûrement pas pour préoccupation essentielle la masse salariale à virer sur les comptes de leurs employés. D'autres considérations plus urgentes obéissent à ces réalignements à l'échelle du pouvoir intérimaire. Mais bon, inutile de chipoter sur un sujet qui n'intéresse que peu le haut du panier politique. Sur le plan économique, par contre, ça sent le roussi, et pas besoin d'être fâché avec les experts arc-boutés aux milliards de la manne des hydrocarbures, pour se rendre compte de la bérézina qui attend le simple salarié, sans parler du chômeur en attente d'un emploi. Salariés et chômeurs ne carburent et ne pensent qu'avec une panse plus ou moins remplie. Sinon, c'est la colère qui leur sert de transit intestinal. La transition politique, ses aléas, passent alors en queue de peloton, et adieu les histoires de consensus pour la transition, réelle ou supposée. Et qu'ils soient dans l'opposition ou pas ne change rien à leur problème de paniers, à remplir au quotidien. Aussi, le risque d'embrasement social est réel, devant une impasse se profilant à l'horizon d'une crise politique qui s'éternise. Et plus l'on tardera à trouver une issue à l'impasse et une solution à la crise, plus la situation se dégradera davantage. Notre pays ne peut plus se permettre un autre rendez-vous manqué avec l'Histoire. Il risque de connaître une autre sortie sans issue. En fait, à toute médaille existe son revers, et tout règne connaît son apogée et, inéluctablement, sa chute. Les années de «la vache à lait», quand tout le monde tétait, s'estompent, surtout après que les prix du pétrole ne cessent de dégringoler. Pendant ce temps, on assiste à la traque des corrompus et des corrupteurs, sur fond de règlements de compte. Cependant, les premiers signes de trouille économique commencent à se dessiner sur les visages de la patrouille qui, elle, travaille sans grande conviction. Au ralenti ou pas, cette patrouille a de quoi faire perler de la sueur froide sur le front des décideurs, qui cachent leur frayeur gouvernementale. Mais, tout peut basculer, dès l'instant où la machine productive commence à tousser, à revendiquer son dû au travail accompli. Aucune parade ou escapade, aucune ruse ou purge ne pourront taire le marasme et le malaise social. L'importation de voitures d'occasion, celle d'une énième main d'œuvre étrangère, ou la réduction d'autres importations, rien ne suffira à voiler la mascarade économique du moment…