«La critique est aisée, mais l'art est difficile», dit la locution proverbiale. Cependant, l'art de «gouverner» devient facile, quand des guillemets le soumettent à la critique facile, rien qu'en jetant un coup d'œil sur le rétro politique. Et, voyons ce que montre ce rétroviseur. Il annonçait une entame difficile à l'orée du quatrième mandat du président déchu. Oisiveté et immobilisme caractérisaient l'inertie politique du moment. L'équipe gouvernementale faisait dans le réchauffé, se contentant de restes à réaliser et de quelques reliquats aux longs relents de l'ex-plan de relance économique. L'activité nationale se réduisait, dans sa globalité, aux multiples controverses économiques, induites par la chute du prix des hydrocarbures. Que ce soit du côté du partenariat étranger que celui des entreprises algériennes, les cris d'orfraie, à connotation protectionniste, fusaient de partout. C'est ainsi que, intramuros, l'idée du patriotisme économique fit que le mot importation devint presque infréquentable, différemment apprécié. Durant ce quatrième mandat, on changera de premier ministre et de ministres, en veux-tu, en voilà, mais le climat politique restait morose. Il l'est toujours, malgré le chapelet de mesures annoncées précipitamment, par populisme pour certains, par apaisement social pour d'autres. Commençons par la mesure visant à permettre l'importation de voitures d'occasion, de moins de trois ans d'âge. Cette importation était interdite depuis 2005, mais elle va faire son retour. Et pour plaire à qui, au fait ? On se le demande. Entre citoyens peinant à boucler leurs fins de mois, et un marché automobile à l'affût de la moindre spéculation, l'occasion fait déjà le larron… Pour l'autre mesure visant les jeunes souscripteurs Ansej et Cnac, l'autre dispositif d'aide à l'emploi, y a comme une impression de déjà-vu dans le rétro. C'était en pleine campagne pour le cinquième mandat, mort et enterré depuis. Ce qui ne l'est pas, par contre, c'est le populisme du gouvernement, décidé à surseoir aux poursuites judiciaires, engagées à l'encontre des jeunes n'ayant pas remboursé leurs prêts auprès des banques. Là, pas mal de jeunes concernés vont s'indigner de toute critique envers cette décision. Ils estimeront que la critique est facile, et qu'elle ne fait que tourner en rond, alors qu'ils ont les ronds, depuis belle lurette déjà. Il est vrai que la machine judiciaire a fort à faire, ces temps-ci, mais un crédit contracté doit être remboursé, quelque soit le gouvernement passé, présent ou à venir. C'est un remboursement, un engagement qui doit rester pérenne, pour le bien de tous. Le différer et surseoir à ses éventuelles sanctions, c'est encourager les bras cassés dans l'art de l'entourloupe. Art pas trop difficile quand on a un Trésor public, ouvert aux reports et aux accords entre initiés de la chose publique. Autre sujet ouvert à la critique que l'on dit aisée : la distribution de logements. Comme par miracle, les walis multiplient les annonces tant attendues. Ça va être «généreux», le jour de «leïlet el qadr». Pour les souscripteurs Aadl 1, par exemple, il aura fallu espérer cette nuit, depuis au moins deux décennies, quant à ceux de l'Aadl 2, ils auront quelques décisions d'affectation, en attendant un autre gouvernement, une autre mesure paternaliste, empreinte du populisme déjà-vu. Et avec tout ça, la critique est à l'aise, pour mettre des guillemets au «politiquement correct»…