En prenant le train en marche dans le dernier virage du championnat suite au départ de Thierry Froger, Lamine Kebir a réussi dans un contexte très particulier à mener l'USM Alger vers son huitième sacre national et s'offrir un premier titre dans sa carrière d'entraineur. Entretien réalisé par : Ouassel Mounir Quand un entraineur remporte un championnat dans les mêmes conditions que celui gagné par l'USM Alger cette saison, il ressent quoi au juste ? Une immense joie et une fierté d'avoir accompli une mission très délicate. Vu les différents problèmes qu'a connus le club dernièrement, ce n'était pas évident d'assurer jusqu'au bout. Il fallait consentir de gros sacrifices pour aller chercher ce huitième titre. Dieu merci, grâce au concours de tous ceux qui aiment l'USMA, on a réussi ensemble a atteindre cet objectif et donner beaucoup de joie à nos supporters. Avez-vous douté après le faux pas enregistré face au MCO à Bologhine qui vous a condamnés à l'exploit à Constantine au moment ou la JSK était revenue à un seul point dans la course au titre ? Non, jamais. Il y avait une certaine alchimie dans le groupe qui me laissait penser qu'on avait toutes les chances de remporter le titre. Les joueurs étaient vraiment déterminés à finir le boulot et je pouvais le constater tous les jours à l'entrainement. Et puis il y avait un autre facteur qui a mon avis a fait la différence entre nous et la JSK dans cette course au titre a savoir l'expérience. Contrairement à la JSK dont l'effectif a été rajeuni, l'USMA pouvait compter sur beaucoup de joueurs aguerris qui ont su canaliser la forte pression qui s'est abattue sur eux dans un moment crucial de la saison. La preuve, c'est un onze composé essentiellement de ces cadres qui est allé gagner face au CSC à l'image de Benmoussa, Meftah, Benyahia et autres Koudri. D'ailleurs, c'est pour cette raison que je les ai alignés pour ce dernier match capital du championnat. Mais vous avez quand même joué avec le feu en retardant l'échéance jusqu'à l'ultime journée du championnat… Ah oui, c'était trop risqué. On avait même fêté avant l'heure le titre face au MCO ce qui avait donné plus de motivation à cette équipe qui jouait déjà le match de la survie. Mais c'est ça le football, vous ne pouvez pas tout contrôler surtout lorsqu'on connait le contexte difficile dans lequel se trouve le club. Mais c'était quand même un risque calculé parce que nous avions toujours notre destin entre nos mains, surtout après le nul arraché à Sétif. Tout compte fait, ce point a été déterminant dans la course au titre. Gagner à Constantine n'était pas du tout évident surtout que le CSC affichait une invincibilité de trois et demi à Hamlaoui. Quelle a été la recette du succès ? D'abord c'est d'être resté calmes après la contre performance enregistrée face au MCO. C'est vrai que nous venions de rater une occasion inouïe de tuer le suspense, mais on s'était dit que rien n'était encore perdu et qu'on était toujours maitres de la situation. Le gros de la préparation était donc axé sur le plan psychologique. Les joueurs étaient très concentrés. On avait un match à gagner et il fallait choisir un onze composé avec des joueurs du mental et plus d'expérience par rapport à d'autres. Dieu merci, nos joueurs se sont battus sur le terrain comme des lions pour arracher cette victoire et cueillir le fruit du travail accompli durant toute la saison. Du coté de la JSK on a émis des doutes concernant la probité des joueurs constantinois qu'on accuse même d'avoir levé le pied. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? Ce que disent les autres ne nous intéresse pas. Moi je n'ai vu rien d'anormal sur le terrain ce jour-là. D'ailleurs même Arama l'a dit. Je pense que si nous avons battu le CSC sur son terrain c'est parce que nos joueurs étaient plus déterminés. Ils étaient à 1000% et je pense que c'est tout a fait logique puisque pour l'USMA il y avait le titre de champion d'Algérie qui était en jeu alors que le CSC n'était concerné pas aucun enjeu et était même sérieusement diminué. La JSK vous a quand même poussé jusque dans vos derniers retranchements. Avouez-le. Absolument. Elle a eu le mérite de n'avoir pas lâché le morceau jusqu'au bout. C'était un beau rival dans la course au titre. Ils ont fait un excellent parcours cette saison. Mais eux aussi ont lâché beaucoup de points sans doute par manque d'expérience et surtout à cause des déclarations de Mellal qui mettaient à chaque fois beaucoup de pression sur ses joueurs. Comme tout le monde le sait, vous avez pris le train en marche dans une période de crise que traversait l'USMA. N'avez-vous pas eu peur pour votre carrière d'entraineur en cas d'échec à mener le club vers le titre ? Comme je l'ai déjà déclaré dans ces mêmes colonnes, je me suis toujours situé parmi les entraineurs qui aiment les défis. D'ailleurs, j'ai toujours travaillé dans des clubs ou il y a énormément de pressions et je ne m'en suis jamais plaint. Malgré la difficulté de la tâche, j'ai assumé tout dés le début. Il y avait beaucoup de problèmes à gérer y compris dans le vestiaire. Il fallait prendre des décisions comme celles de se passer des services de Zemmaouche et Chaffai pour le bien du groupe. Je ne regrette pas d'avoir pris ce risque surtout que tout s'est très bien terminé aussi bien pour l'USMA que pour ma personne puisque c'est mon tout premier titre aprés plus de deux décennies passées dans le métier d'entraineur. Maintenant que vous avez rempli convenablement votre mission à la tête de la barre technique de l'USMA. Pensez-vous être encore l'entraineur de ce club la saison prochaine ? J'ignore de quoi l'avenir sera fait. Pour le moment je préfère savourer ce titre de champion d'Algérie comme il se doit et puis on aura tout le temps d'en discuter. A qui dédiez-vous ce titre ? D'abord a tous les supporters de l'USMA qui ont été derrière leur équipe du début jusqu'à la fin, puis aux joueurs, ma famille ainsi que mes amis.
