Après avoir été interdits d'accès à ce qu'ils considèrent comme leur palais, les manifestants de la wilaya de Bordj Bou Arreridj, qui n'ont pas pu afficher leur tifo habituel, sont revenus hier à leur espace fétiche. Bien sûr, ils n'ont pas pu monter tous dans l'immeuble, comme ils sont restés pour la plupart loin de ce dernier. Mais les encadreurs de l'opération, portant des gilets jaunes, ont pu quant à eux, accéder à l'édifice pour placarder le tifo attendu par une foule importante. Le dessin qui colle chaque semaine à une actualité politique, portait comme slogan la patrie au dessus de toute autre considération. Le dessin quant à lui, montrant une carte de l'Algérie réalisée sous forme de puzzle, avec comme pièces manquantes le dialogue, la commission indépendante, novembriste badissiste, l'urne. Cette orientation est elle partagée par tous ? L'avenir nous le dira . Ce qui est sûr, c'est que les personnes sur place l'ont applaudie. Avant de lancer le tifo, les encadreurs, qui s'adressaient à la foule grâce à des hauts parleurs, ont souhaité la bienvenue aux présents, pour leur demander de couvrir la place de drapeaux nationaux pendant l'exécution de l'hymne national, à partir du même espace. L'assistance, qui a sillonné les rues du chef lieu avant de se regrouper devant le «palais du peuple», affichait pour sa part d'autres slogans, comme la nécessité d'une période de transition, le choix d'une personnalité consensuelle, ou encore le refus des élections, le départ de tous les responsables du système. Comme quoi, tous aspirent au changement. Seule la méthode pour y arriver diffère. Le soutien à l'armée, qui a été rappelé hier divise également. Faut-il appuyer l'institution ou son commandement. Les avis divergent. Cette divergence n'a conduit pourtant à aucun écart. «Silimia». Le Hirak l'est resté, pas seulement dans les rapports entre les manifestants et les policiers, très présents hier, mais aussi entre les contestataires. La correction a prévalu, l'ambiance festive aussi.