Human Rights Watch dénonce le sort fait aux avocats par le gouvernement turc. Depuis la tentative manquée de coup d'Etat de juillet 2016, Ankara a emprisonné et traduit en justice des centaines d'avocats, dans un contexte de violations généralisées du droit à un procès équitable. En janvier dernier, une manifestation à Istanbul dénonçait le sort fait aux avocats, avec la banderole «Avocats sans voix, citoyens sans souffle». Dans la vague de répression qui s'est abattue sur la Turquie depuis le coup d'Etat manqué de 2016, les avocats sont particulièrement ciblés au côté des journalistes, des universitaires ou des défenseurs des droits de l'homme. L'ONG Human Right Watch (HRW) vient de publier un rapport accablant, qui dépeint une justice expéditive, très loin des standards internationaux. Dans la Turquie d'Erdogan, les avocats se retrouvent de plus en plus souvent dans le box des accusés. 1.500 d'entre eux font face à des procédures judiciaires, et environ 300 sont en détention provisoire, en attente de leur procès. Le pouvoir leur reproche de défendre des militants de gauche, des Kurdes, ou encore des membres de la confrérie Gülen, et donc d'être complices de leur client. La justice turque justifie les atteintes au droit de la défense au nom de la lutte contre le terrorisme. Les avocats sont harcelés dans les prétoires, constate Emma Sinclair Webb, responsable de Human Rights Watch pour la Turquie. «Certains avocats ont fui le pays, d'autres sont en prison, et certains nous ont dit qu'ils se sentaient vraiment comme des éléments de décoration dans les procès, qu'ils se sentaient comme des figurants. Leur rôle est devenu mineur, ils ne peuvent pas travailler normalement. Et dans certains cas, ils ont peur de prendre certains dossiers pour éviter d'être eux même jugés». La machine répressive turque tourne à plein régime : 45.000 personnes sont aujourd'hui en prison pour des accusations de terrorisme.