Presque 4 mois après le début du mouvement populaire, le 22 février, le statu quo demeure de mise. D'un côté l'armée représentée par le chef d'état- major, ainsi que la présidence, dont le locataire, Abdelkader Bensalah, malade, s'est quasiment «effacé» au profit de Gaid Salah, refusent catégoriquement de suivre une autre voie que celles qu'elles ont tracée, c'est-à-dire, «la voie constitutionnelle» qui permet de maintenir grosso modo, le même personnel. De l'autre, les partis de l'opposition et d'autres personnalités politiques et de la société civile, mais surtout le mouvement populaire, refusent de composer avec «un système corrompu» qui veut à leur yeux «se maintenir au pouvoir» coûte que coûte. Les positions des uns et des autres n'ont pas évolué d'un iota. Ceci en dépit des «feuilles de routes» et autres «solutions de sortie de crise» qui foisonnent ainsi que les multiples appels au dialogue réitérés par l'ANP qui jure pourtant qu'elle ne veut «qu'accompagner» la transition, rejeté par la rue au motif qu'il comporte des «arrières pensées», voire des «pièges» tendant à «noyauter» le mouvement et ainsi le fractionner en plusieurs tendances. C'est ce qui commence d'ailleurs à se faire, selon nombre d'observateurs qui en veulent pour preuve, «l'entrée en scène» de la mouvance islamiste qui commence à investir la rue, les «mouches électroniques» et les armées «d'employés» sur les réseaux sociaux dont la tâche principale est de discréditer les acteurs du mouvement. Ajouté à cela, le refus déclaré de l'armée de toute transition «en dehors du cadre constitutionnel», souligné dans l'éditorial du dernier numéro de la revue «El-Djeich», lequel, insiste sur la nécessité d'un «dialogue sincère» pour éviter à notre pays «de verser dans des futilités qui rendraient la situation encore plus complexe et couperaient définitivement la voie à la période de transition qui ne pourrait que conduire à une situation encore plus difficile à maîtriser». El-Djeich accuse même certaines parties sans les nommer et la presse de vouloir pourrir la situation. Bien qu'elle ne refuse pas le dialogue, ce principe cardinal qui devra un jour s'imposer, la rue estime dans sa majorité qu'il manque la volonté politique aux décideurs qui ont, tout à fait au début du mouvement, essayé d'imposer leurs «hommes», avant de changer de fusil d'épaule et évoquer «la volonté populaire» et les articles de la Constitution (7 et 8) notamment, qui la consacrée sans pour autant les mettre en application sur le terrain. Ils sont plutôt restés «cloués» à l'article 120 appliqué à la lettre, mais que le temps a fini par «déconstruire» poussant ces derniers tout bonnement à prolonger le mandat de Bensalah en actionnant un Conseil constitutionnel qui a déjà beaucoup de choses à se reprocher. Ces «décisions» – faut-il le préciser – même si elles ont «soulagé» certains, n'ont fait finalement qu'enflammer la rue qui ne cesse de revoir à la hausse ses revendications. Des revendications de «changement de système» et de départ des «personnes qui l'incarnent», auxquelles on a tenté de répondre par les arrestations de certains ex-décideurs et autres hommes d'affaire sans pour autant infléchir la mobilisation populaire. Le statu quo risque de perdurer tant que d'un côté comme de l'autre, on ne veut pas lâcher du lest. Il reste que les solutions de sortie de crise existent et sont largement «explicitées». La volonté politique doit suivre.