La chaleur particulièrement suffocante n'a pas influé sur la mobilisation des citoyens en ce 17e vendredi de protesta. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé en effet, hier, pour montrer leur engagement en faveur d'un changement radical du système. Autant les banderoles que les pancartes affirmaient sans ambages l'instauration d'un Etat démocratique où les libertés ne seraient pas de vaines devises. Ce 17e rendez-vous qui coïncide avec le 14 juin a été l'occasion pour les manifestants de battre le rappel des évènements douloureux du printemps 2001 qu'avait connus la Kabylie pendant toute une année. De nombreuses banderoles noires ont fait leur apparition afin de rappeler à la mémoire collective la répression sauvage de l'historique marche d'un certain 14 juin 2001 sur la Présidence de la république. «14 juin 2001, 14 juin 2019 : un seul combat !», clame une grande banderole aux couleurs berbères qui ouvre le premier carré. Les slogans: «Ulac smah ulac !» et «pouvoir assassin !» si chers au mouvement des arouch ont été scandés pendant tout l'itinéraire de la marche. De nombreuses pancartes exigeaient par ailleurs, justice pour les 127 jeunes assassinés parfois froidement par les services de sécurité. «Ni oubli, ni pardon !», scandaient les manifestants, visiblement émus. L'émotion arrive à son comble quand les dizaines de milliers qui criaient leur colère se sont brusquement tus à hauteur du carrefour du 19 main 1981, pour observer une minute de silence en respect à la mémoire des victimes du printemps de 2001. L'hommage passé, la foule reprend sa marche en appelant à l'instauration d'un Etat civil et non pas militaire. Aux cris de «dawla madaniya maci asakariya !», les manifestants s'en vont faire le tour de l'ancienne ville avant de se disperser avec le sentiment d'avoir honoré la mémoire de leurs aînés tombés dix-huit ans plutôt pour la démocratie, la liberté et la justice. Soit les mêmes revendications qui fondent le combat pour le changement du système mené aujourd'hui par tout le peuple.