Paru aux éditions Casbah, «De Boussouf à kennedy : Liberté et foi» est un ouvrage exceptionnel que le moudjahid et ancien diplomate algérien, Mohamed Khelladi, a écrit en ne se basant que sur sa mémoire comme référence. L'ouvrage De Boussouf à kennedy : Liberté et foi publié aux éditions Casbah pourrait être classé entre l'essai et les mémoires où son auteur, Mohamed Khelladi, raconte sans langue de bois sa propre histoire enchevêtrée avec la grande histoire de l'Algérie. Et pourtant, ce livre n'est pas non plus les mémoires de l'auteur puisqu'il est écrit, avec une grande franchise et responsabilité remarquables dans le seul but de sauvegarder la mémoire de certains événements majeurs ayant marqué l'histoire de l'Algérie. En 346 pages, l'auteur rompt avec les mémoires classiques des acteurs de la guerre de Libération nationale. De par son style d'écriture, l'auteur ne reproduit pas un récit linéaire focalisé sur l'auteur et ne raconte pas ses propres faits d'armes jalonnant un parcours en quête de reconnaissance. La vraie image du MALG En effet, Mohamed Khelladi, ancien chef de service du renseignement politico-militaire du MALG (Ministère de l'Armement et des Liaisons générales – ancêtre de la sécurité militaire) et ancien diplomate dans plusieurs pays d'Amérique et d'Europe, a construit son texte sous forme de labyrinthe, faisant chavirer le lecteur en le promenant du témoignage à l'analyse, des fracas de la guerre à la tragédie des hommes en passant par la bestialité de l'armée coloniale, le courage des résistants algériens et l'amour du peuple. Sans se soucier de l'aspect temps, Mohamed Khelladi privilégie ainsi dans son ouvrage qui n'est pas non plus une autobiographie, une démarche analytique à la simple narration des évènements, en liant les faits entre eux, éclairant le lecteur sur d'importants évènements liés à l'histoire de l'Algérie. Ce livre qui chamboule les idées reçues sur l'image péjorative du MALG, ses agents et son chef charismatique ainsi que son univers hermétique et dresse un portrait complexe et subtil sur de nombreux grands événements nationaux et internationaux où l'auteur a eu à jouer un rôle très important que ce soit aux maquis ou auprès des ambassadeurs (d'Espagne, Cuba, Venezuela…). On retrouve aussi dans ce livre beaucoup de personnages de1950 jusqu'à une période récente, ayant joué un rôle important dans la politique algérienne et internationale. Une gifle à De Gaulle Avec une franchise des fois brutale mais nécessaire pour interpeller le lecteur, Khelladi évoque avec beaucoup de dignité comment il a été victime d'un attentat terroriste perpétré par le GIA à Bouzaréah en 1996. Par ailleurs, on retrouve aussi dans son livre sa perception du journalisme. Il y raconte les péripéties du célèbre éditorialiste américain du New York Times, Joe Kraft, durant un mois, dans les maquis de l'ALN et comment Khelladi a réussi à le convaincre de le suivre au maquis et ainsi vivre la réalité du peuple algérien alors qu'il travaillait pour le colonisateur français. Ce voyage de Kraft provoqua, raconte l'ancien chef cadre de l'Etat, la fameuse déclaration de JF Kennedy du 2 juillet 1957, au capitole sur le droit du peuple algérien à l'indépendance qui a entraîné une grave crise entre Washington et Paris et amènera Charles de Gaulle à quitter l'OTAN. Sara Boualem «De Boussouf à kennedy : Liberté et foi», Casbah Editions, 346 pages, 1200 Da