Les distributeurs parlent de réduction de la poudre Revoilà la pénurie de lait en sachet. Les distributeurs rejettent la balle dans le camp des autorités quant à l'origine ayant conduit à cette pénurie. Selon eux, le problème initial de cette pénurie réside dans la limitation des quantités de poudre de lait. Ils rejettent également les déclarations du ministre de l'intérieur, Nouredine Bédoui, qui a expliqué la pénurie de lait par le détournement de 80% de la production nationale vers la production de yaourt et de fromage. Contacté hier, un distributeur de lait à la wilaya d'Alger, sous couvert de l'anonymat, a estimé que «la pénurie de lait est due essentiellement à la réduction des quantités de poudre de lait destinées à la production». Notre interlocuteur ajoute que «la facture d'importation de cette poudre était de 1 700 000 DA l'année passée, alors qu'elle est réduite de 50% pour l'année en cours». Pour lui, c'est ce qui a automatiquement limité la quantité impartie aux distributeurs. Ces derniers considèrent, en outre, que les déclarations du ministre de l'intérieur Nouredine Bedoui au sujet du lait «ne sont pas convaincantes». Notre interlocuteur précise d'autre part que «la pénurie de lait ne concerne pas uniquement Alger. Toutes les autres régions en souffrent». Il expliquera que les laiteries de Boudouaou à Boumerdès et celle de Draâ Ben Khedda à Tizi Ouzou en manquent. Même le privé est dans cette situation. Le ministre de l'Intérieur, des collectivités locales et de l'aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, avait souligné jeudi, depuis Souk-Ahras, que les milliards consacrés par l'Etat pour la subvention des produits de consommation profitent aux riches. «Plus de 80% de la production nationale de lait est transformée en yaourt et fromages», a dit Bedoui. «Il est temps que le lait subventionné profite aux nécessiteux», a-t-il ajouté. Le ministre a appelé pour cela les walis à prendre les mesures qui s'imposent contre les transformateurs qui détournent la poudre de lait subventionnée pour la fabrication d'autres produits laitiers, créant ainsi une pénurie de lait en sachet. Tensions multiples Une petite virée dans la capitale hier nous a fait découvrir des files d'attente de citoyens devant les épiceries. À la commune de Heuraoua, à l'est d'Alger, une dizaine de citoyens attendait l'apparition du camion de lait devant une supérette située à la rue principale depuis 6 heures du matin. «Cela fait déjà presque un mois que nous faisons la chaîne au moins deux fois par semaine pour acheter le lait car nous avons des enfants», fait remarquer Ahmed, un père de famille, la cinquantaine. Pour Abdallah, un ouvrier en maçonnerie, la quarantaine, le lait en sachet est un besoin essentiel pour ses trois petits enfants. «J'attends ici, mais si on me dit que le lait se trouve à Tipasa, je n'hésiterais pas à aller le chercher», a-t-il insisté, précisant qu'il ne peut se permettre le lait Tetra Pack à 90 DA. Même constat à Bordj El Kiffan. Plusieurs citoyens rencontrés devant les épiceries situées au centre-ville nous informent que la pénurie de lait dure depuis presque deux ou trois semaines. «Je ne sais pas quoi dire aux citoyens quant à cette situation», nous a lancé un commerçant en produits alimentaires et laitiers. Il nous confie avoir même envisagé de ne plus vendre le lait «pour ne pas entrer en conflit avec certains qui m'accusent de vendre ce produit aux connaissances». Idem à Bab Ezzouar, où une dame, la cinquantaine, regrette qu'un pays comme l'Algérie connue pour son élevage ne puisse pas assurer le lait aux citoyens à l'orée de 2018. «Oui, il n'y a pas de lait ici, et c'est grave», a-t-elle pesté, faisant remarquer que le sachet de lait en plastique est non seulement introuvable, mais souvent, les normes d'hygiène ne sont pas respectées. Selon cette dame, les producteurs doivent interdire cet emballage en plastique et le remplacer par des boites en carton.